juillet - août 2015
•
anform !
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ma
santé
© Istockphoto
S
i notre corps représen-
tait la Terre, ses habitants
seraient les milliards de
cellules microbiennes
qui la peuplent. Devons-nous être
dégoûtés par cette idée ?
“Certai-
nement pas”
,affirme PatrickSchloss
de l’Université du
Michigan.Cecher-
cheur fait en effet partie d’un vaste
programme visant à étudier les mi-
crobes que nous portons sur et dans
notre corps.
100 contRe 1
La proportion de cellules étrangères
du corps humain a été récemment
réévaluée àla hausse. Il y a 100 fois
plus de cellules microbiennes que
de cellules humaines dans notre
organisme. Un chiffre à donner le
vertige ! Évidemment tout est relatif.
Les cellules humaines grandes de
quelques centièmes de millimètre
sont 20 à40 fois plus grandes que
les microbes communs. Connus
aussi sous le nom poétique de
“flore” (intestinale, buccale, vagi-
nale…), l’ensemble de ces micro-
organismes (bactéries, levures,
champignons, virus) constitue le
microbiote et vit dans un environ-
nement spécifique, appelé micro-
biome. Il s’agit bien d’une associa-
tion intime, durable et à bénéfice
mutuel. Cette symbiose présente
un équilibre fragile entre “bons” et
“mauvais” micro-organismes. Si,
aujourd’hui, ils sont passés à la
loupe, c’est parce que de nouvelles
interactions étroites ont été démon-
trées entre la flore bactérienne et les
cellules de nos organes. Un désé-
quilibre de l'écosystème bactérien
est impliqué dans l'apparition et la
progression de plusieurs maladies
comme l’obésité ou le cancer du cô-
lon. Des recherches internationales
actuelles visent àexplorer ce monde
caché car il pourrait bien être la
source de nouveauxremèdes.
Un tRaVaiL
coLLaBoRatiF
Le projet microbiome humain (
Hu-
man Microbiome Project
) initié en
2007 par l’Institut national de santé
américain (NIH) a pour but d’éta-
blir le génome de chaque espèce
•••
Pré ou
probiotiques ?
L’enrichissement de
notre bonne flore
microbienne peut se
faire via l’alimentation,
par l’ingestion de
probiotiques ou de
prébiotiques. Les
probiotiques sont des
micro-organismes entiers
vivants que l’on trouve
dans des aliments, soit
parce qu’ils entrent
dans leur fabrication
traditionnelle (yaourts,
pain au levain, croûtes
de fromage) soit après
ajout artificiel en vue d’un
effet bénéfique sur notre
santé. Les prébiotiques,
eux, contiennent des
fractions de molécules
non digestibles par
l’organisme humain et
sont en quelque sorte
de la nourriture pour les
bactéries. Des exemples
de prébiotiques
naturels sont les fructo-
oligosacharides contenus
dans les bananes, l’ail,
ou les fructanes de la
salade frisée. Des études
sont nécessaires afin de
déterminer le rôle et le
mécanisme d’action de
ces additifs alimentaires,
notamment chez les
sujets sains.