Previous Page  158 / 174 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 158 / 174 Next Page
Page Background

158

anform !

mars - avril 2015

Petites confidences

à ma psy

Huguette,

La question que vous vous posez

est effectivement "de poids" :

continuer à garder un secret qui,

certes, vous concerne directement,

mais qui a été mis en place non pas

par vous mais par votre mère ! Ce

que je retiens tout d'abord c'est

qu'une partie de vous a le désir

de partager cela avec vos enfants.

Ce désir me semble tout à fait

intéressant et renvoie, selon moi, à

un désir de réparer la petite fille que

vous étiez et qui a justement été

privée d'une part de son histoire.

Il y a également une autre part de

vous qui s'interroge sur l'utilité de le

dire à vos enfants, avec la peur de

les encombrer avec cette informa-

tion. Chercher à partager ce poids

ne me semble pas opportun. Je

vous invite à creuser plus profon-

dément la question de la nécessité

que vous avez de partager avec

eux ce secret ? Au départ, c'est

votre mère qui a fait de cette part

de votre histoire un secret : pour

quelle raison ? Vraisemblablement,

pour se protéger elle-même ! Vous

n'êtes plus obligée, Huguette, de

continuer à jouer sur le registre du

secret ! Comme vous le dites, c'est

votre histoire, il vous appartient

donc aujourd'hui d'en disposer

ou d’en parler comme bon vous

semble. Si vous souhaitez en parler

avec vos enfants, libre à vous. Mais

pour sortir de cette position subie

depuis votre enfance, il est plus que

temps de vous réapproprier ce fait

et de ne plus l'évoquer en terme

de poids. Autrement dit, il serait

intéressant que ce secret ne soit

plus pesant pour vous-même mais

qu'il redevienne une information

qui vous concerne et que vous serez

libre de partager avec les personnes

adéquates.

Dois-je révéler ce secret

à mes enfants ?

Cela fait 35 ans que je vis avec un secret de famille. Mon père n’est pas mon père biologique. Je l’ai appris par accident,

dans une fête de famille bien arrosée. Ils n’ont pas fait attention à ma présence et la vérité a été dite. À l’époque, j’ai

discuté avec ma mère qui m’a fait promettre de ne rien dire. Aujourd’hui, maman est morte. Cette nouvelle me pèse sur

le cœur. Surtout par rapport à mes frères et ma sœur que j’aime beaucoup. Est-ce que cela changerait quelque chose ?

Mon père, lui, a accepté de faire comme si j’étais sa fille et, dans la réalité, je suis sa fille. Car, de mon père biologique,

je ne sais rien. Aujourd’hui, j’ai des enfants et je me demande s’il faut leur dire et partager ce poids. D’une certaine façon

cela fait partie de leur histoire aussi. Mais à quoi bon les encombrer avec cette information ?

Huguette, Guyane

Par Sandrine Dagnaux,

psychothérapeute