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mars - avril 2015

3 QUESTIONS À...

Maître Déborah Mencé,

avocate

Quel est votre rôle en tant

qu’avocate au sein de l’asso-

ciation ?

J’apporte ma contribution

par un accompagnement

juridique : officialiser la sépara-

tion, régler les conséquences

liées à la séparation (biens,

garde des enfants)…Mon rôle

est aussi de les accompagner

dans leurs démarches pénales,

c’est-à-dire la condamnation

des auteurs de violences.

Les femmes battues sont-elles

protégées par la loi ?

Oui, bien entendu. Notam-

ment depuis la réforme de la

loi du 9 juillet 2010 (relative

aux violences faites spécifi-

quement aux femmes, aux

violences au sein des couples

et à leurs incidences sur les

enfants). C’est une loi qui

a créé une ordonnance de

protection, un dispositif qui

permet à la victime d’obte-

nir l’éviction du domicile de

l’auteur des violences afin

d’échapper à son emprise. Car

souvent, elles ne savent pas

où aller.

Comment se déroulent les

procédures de divorce en cas

de violence conjugale ?

La procédure classique

débute par une requête

à l’initiative de la victime

assistée d’un avocat. Dans

cette requête, on motive la

demande, les circonstances

qui laissent penser qu’il y a

danger. Dès réception, le juge

convoque les parties deman-

deresse et défenderesse pour

une audition. À l’issue, si le

juge estime que le danger

est caractérisé, il rend une

ordonnance et est compétent

pour ordonner l’expulsion

de l’auteur des violences.

Ensuite, la procédure suit son

cours. C’est la procédure de

droit commun. L’ordonnance

de protection est reconduite

jusqu'à la décision de divorce.

En moyenne, les divorces pour

faute sont les plus longs. Il faut

compter au moins 2 ans.

psycho

L’accompagnement se fait égale-

ment par des ateliers corporels ou

des activités organisés par l’associa-

tion (massage, esthétique, cuisine,

activités manuelles…).

“L’atelier

massage permet de se relaxer, d’éva-

cuer le stress, de se réconcilier avec

son corps, de se réapproprier ce

corps blessé”,

décrit Sophie Ryon,

animatrice.

“Les ateliers manuels

encouragent la créativité. L’atelier

maquillage aide beaucoup àla reva-

lorisation de l’image de soi.”

rEfAIrE SA VIE

Malgré tout,

“la reconstruction sera

lente. Des mois, voire des années”

,

prévient l’assistante sociale.

“Je me

souviens d’une femme qui avait tout

quitté pour retrouver son premier

amour. Un homme violent. Tant la

rupture que la reconstruction ont été

difficiles.”

Il y a aussi cette dame, res-

tée attachée à l’accueil de jour :

“Elle

vient souvent nous voir. Dans son

discours, elle en veut toujours aux

hommes. Elle véhicule cette haine

à ses enfants. L’image de l’homme

semble àjamais détruite.”

•••