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anform !
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mars - avril 2015
nutrition
épine.”
Aujourd’hui, sa commerciali-
sation est autorisée, à condition qu’il
soit débarrassé de toutes ses épines.
Une porte de sortie pour les pêcheurs
qui, cette année, en ont prélevé envi-
ron 250000au casier !
DOmPTEr LE LION
Autoriser sa consommation est la
meilleure façon de lutter contre son
invasion. Encore faut-il convaincre cer-
tains consommateurs réticents du bon
goût de sa chair. Aussi, des instances
comme le Parc national, laDirection de
l’environnement, de l’aménagement
et du logement (Deal), le Laboratoire
de biologiemarine de l’observatoire du
milieu marin martiniquais et le Comité
des pêches se sont lancés dans cette
croisade. Non seulement sa chair est
comestible, mais elle est comparée
dans son raffinement à celle du grand
gueule ou de la tranche. ÀSaint-Do-
mingue et Miami, le poisson est servi
dans les restaurants gastronomiques.
En Guadeloupe, c’est le cuisinier Joël
Kichenin qui donne le ton. Max Fétida
vient d’ouvrir une unité de transforma-
tion à Saint-François, et le propose en
rillettes et en filet, le tout agréé par la
Daaf. À l’occasion du festival de la
gastronomie traditionnelle, un atelier
de cuisine lui est entièrement consa-
cré. Frit, grillé, au court-bouillon… il
est excellent, voilà pourquoi on peut
“manjéy an tout sòs”.
de temps. Selon les scientifiques, à
termes, sa phase de colonisation s’ar-
rêtera au niveau du Brésil car, au-delà,
les eaux trop froides empêcheront son
développement. De l’autre côté, il est
déjà en Colombie. Carnivore et peu
craintif, il “gobe”les plus petits que lui.
Àl’inverse, mérous et requins locaux,
prédateurs naturels dans le Pacifique,
ne l’identifient pas encore comme une
proie potentielle. Les marins pêcheurs
ont très vite tiré la sonnette d’alarme
auprès des pouvoirs publics, et souhai-
té savoir s’il était ou non comestible.
UN LION QUI PIQUE
Le poisson-lion est certes comestible
mais il pique.
“En 2012,
commente
Widgy Saha, biologiste marin au CRP-
MEM,
nous éditions une brochure à
destination de tous les profession-
nels de la mer pour les sensibiliser
à la manière de se prémunir et leur
indiquer l’attitude à adopter en cas
de piqûre.”
Il faut approcher la zone
piquée le plus près possible d’une
source de chaleur et désinfecter. En
effet, le venin étant thermolabile, ses
effets s’estompent à partir de 50 °C.
Des dessins pédagogiques montrent
comment débarrasser le poisson-lion
de ses 13 épines dorsales, 3 anales
et 2 pelviennes, toutes vénéneuses.
“Une fois ganté, il faut les couper à
ras, àl’aide de ciseaux, car la glande à
venin se localise au centre de chaque
Pas de ciguatera
La première investigation a
ciblé la détection de la cigua-
tera. Aussi, le Comité régional
des pêches maritimes et des
élevages marins des îles de
Guadeloupe (CRPMEM) a
lancé les premières études
de la Caraïbe, sur 120 échan-
tillons. Résultat, sa chair est
non ciguatoxique en Guade-
loupe. Il ne fut pas nécessaire
d’effectuer des analyses en
Martinique car l’île n’est pas
en zone ciguatérique. Des pu-
blications officielles exposent
les résultats dès 2013. Et, du
même coup, rendent possible
sa consommation dans les
îles de Guadeloupe et en
Martinique, mais pas dans les
îles du Nord (Saint-Martin et
Saint-Barthélemy, où les résul-
tats se sont parfois révélés
positifs). C’est une conclusion
majeure pour les pêcheurs qui
voient s’ouvrir une nouvelle
filière de commercialisation.
À condition naturellement
que la chlordécone ne le
rende pas impropre à la
consommation. Nouveau
dépistage qui démontre que,
hors de la zone d’interdiction
de pêche, il ne présente pas
de menace. Un arrêté préfec-
toral officialise cette décision.
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