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anform !
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novembre - décembre 2014
Cœur brisé
Tako-tsubo,
késako ?
Souvent
confondue avec
un infarctus
du myocarde,
l'attaque de
tako-tsubo
survient lors d'un
choc émotionnel
intense.
Impressionnante,
elle est
heureusement
totalement
réversible...
PAR ANNE DEBROISE
D
es douleurs aiguës
dans le thorax, le
souffle court, le cœur
qui bat difficilement,
parfois un malaise ou une syn-
cope… ces symptômes sont carac-
téristiques d'une attaque cardiaque.
Mais il ne s'agit pas toujours d'un
infarctus.
TROP DE STRESS
En 1991, des cardiologues japonais
ont décrit ce type très particulier
d'attaque cardiaque. Contrairement
à l'infarctus, qui est le plus souvent
dûà une obstruction des artères par
des plaques lipidiques, le tako-tsubo
se manifeste chez des personnes ne
souffrant, a priori, d'aucune maladie
cardiovasculaire. Il serait essentiel-
lement provoqué par un stress im-
portant. On l'appelle parfois le syn-
drome des cœurs brisés. Selon le
Dr Bérengère Ducarme, cardiologue
en Martinique, et qui fut la première
à décrire des cas de tako-tsubo aux
Antilles-Guyane*,
“ce syndrome
touche principalement les femmes
ménopausées victimes d'un stress
aigu psychologique ou physique,
bien que l'on puisse rarement le ren-
contrer chez des sujets plus jeunes
ou de sexe masculin”
. Il représente-
rait 1 à 2 % des cas d'attaques car-
diaques, soit en France, entre 1 000
et 2 000 personnes chaque année.
LE CŒUR SE GONFLE
Le mécanisme exact n'est pas tota-
lement élucidé. Les déclencheurs
de l'accident seraient les catécho-
lamines, des hormones du stress
délivrées par les glandes surrénales
(situées au-dessus des reins). Leur
rôle habituel consiste à préparer
l'organisme à lutter ou fuir en cas
de danger. Elles augmentent la
pression sanguine, le rythme car-
diaque, le taux de glucose dans le
sang. Elles agissent notamment sur
le cœur qui dispose d'une forte den-
sité de récepteurs aux catéchola-
mines au niveau de sa pointe, côté
gauche. Or, lors d'un tako-tsubo,
cette zone se déforme. Le cœur se
gonfle comme lors d'un œdème. Il
se contracte plus difficilement. Lors
de l'examen à l'hôpital, le tako-tsubo
© ISTOCKPHOTO
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