

janvier - février 2017
•
anform !
29
et rhésus. Mais c’est beaucoup
plus compliqué que cela. Il existe
28 autres systèmes de groupes
sanguins, chacun possédant des
antigènes présents ou absents
selon les individus. Les antigènes
du sang caucasien sont différents
de ceux des afro-descendants”
,
explique Mireille Bordenet, respon-
sable des prélèvements de l’EFS
Guadeloupe-Guyane. Or, ces dif-
férences peuvent altérer la qualité
de la transfusion. La seule manière
d’offrir au patient un confort de
transfusion, c’est de lui apporter
des globules rouges aussi peu dif-
férents que possible des siens afin
d’éviter une réaction de rejet. Il faut
donc avoir une approche du don de
sang en fonction des origines géo-
graphiques.
Sensibilisation
Les raisons pour lesquelles les
Antillo-Guyanais hésitent à donner
restent diffuses pour l’EFS Guade-
loupe-Guyane. Lors des campagnes
de sensibilisation, les remontées
de terrain évoquent des raisons
plus ou moins mineures telles que
la peur de l’aiguille ou encore le
manque de temps et de motivation.
Vient ensuite l’anémie. C’est la rai-
son la plus couramment donnée.
Aurait-elle bon dos ?
“Sur le terrain,
je reçois toujours les mêmes ré-
ponses. Et si on les écoute, la Gua-
deloupe compte un nombre tou-
jours croissant d’anémiés. La prise
d’un traitement pour le diabète ou
l’hypertension arrive en seconde
position. Ma réponse, elle, reste in-
changée. Il faut s’en référer à l’EFS
qui confirme, ou non, la possibilité
du don”,
explique Rachel Lollia, res-
ponsable de la communication de
l’EFS Guadeloupe-Guyane. Pour
sa part, l’EFS Martinique confirme
refuser 1 donneur sur 4, principa-
lement pour cause d’anémie, soit
beaucoup plus qu’en Métropole
(1 sur 10). Enfin, en dépit de ce
que l’on pourrait penser, l’apparte-
nance à une religion qui n’autorise
pas la pratique est l’une des raisons
les moins relevées.
“Au contraire,
certaines associations religieuses
nous aident à collecter du sang
sur leur lieu de culte”
, apprécie
Richard Mindeau en Martinique.
La lecture de nombreuses analyses
laisse à penser que le don de sang
a du mal à entrer dans nos mœurs.
“Les sociologues estiment qu’il est
difficile de donner une partie de
soi, son sang notamment, qui est
l’analogie de la vie, sans savoir
ce que l’on va en faire. C’est un
tabou souvent inconscient que les
gens n’arrivent pas à dépasser. Et
pourtant, ça sauve des vies”
, sou-
ligne Mireille Bordenet. Autre rec-
tification, la contre-indication des
donneurs tatoués.
“Cette rumeur
s’est répandue. Pourtant, les don-
neurs ne sont contre-indiqués que
pendant 4 mois après le tatouage.”
Et puis, il y a aussi les épidémies
de dengue, chikungunya et zika qui
constituent une contre-indication
au don du sang.
Réseau de proximité
également,
“les associations de
donneurs sont peu nombreuses,
voire inexistantes, dans nos dépar-
tements. Or, nous avons besoin
d’un réseau de proximité pour amé-
liorer notre présence sur le terrain.
C’est un travail colossal que nous
devons mener seuls. Nous avons
certes des partenaires, mais ils
ne sont pas habitués au don du
sang”.
C’est en se rapprochant des
populations que l’EFS parviendra à
fidéliser ses donneurs et à en recru-
ter de nouveaux.
“Nous avons en
Martinique 8 000 donneurs fidèles
mais 50 % ne donnent qu’une fois
par an. Nous assistons également
au vieillissement de notre popula-
tion de donneurs qui a aujourd’hui
entre 35 et 50 ans. Nous avons
donc besoin d’en recruter de plus
jeunes. Avoir des bénévoles qui
interviennent dans les écoles, les
lycées, les entreprises.”
*La maladie de Chagas est causée par un
parasite, le
Trypanosoma cruzi
. Il est trans-
mis par les déjections du triatome, variété de
punaises.
© istockPHOTO