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janvier - février 2017

anform !

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et rhésus. Mais c’est beaucoup

plus compliqué que cela. Il existe

28 autres systèmes de groupes

sanguins, chacun possédant des

antigènes présents ou absents

selon les individus. Les antigènes

du sang caucasien sont différents

de ceux des afro-descendants”

,

explique Mireille Bordenet, respon-

sable des prélèvements de l’EFS

Guadeloupe-Guyane. Or, ces dif-

férences peuvent altérer la qualité

de la transfusion. La seule manière

d’offrir au patient un confort de

transfusion, c’est de lui apporter

des globules rouges aussi peu dif-

férents que possible des siens afin

d’éviter une réaction de rejet. Il faut

donc avoir une approche du don de

sang en fonction des origines géo-

graphiques.

Sensibilisation

Les raisons pour lesquelles les

Antillo-Guyanais hésitent à donner

restent diffuses pour l’EFS Guade-

loupe-Guyane. Lors des campagnes

de sensibilisation, les remontées

de terrain évoquent des raisons

plus ou moins mineures telles que

la peur de l’aiguille ou encore le

manque de temps et de motivation.

Vient ensuite l’anémie. C’est la rai-

son la plus couramment donnée.

Aurait-elle bon dos ?

“Sur le terrain,

je reçois toujours les mêmes ré-

ponses. Et si on les écoute, la Gua-

deloupe compte un nombre tou-

jours croissant d’anémiés. La prise

d’un traitement pour le diabète ou

l’hypertension arrive en seconde

position. Ma réponse, elle, reste in-

changée. Il faut s’en référer à l’EFS

qui confirme, ou non, la possibilité

du don”,

explique Rachel Lollia, res-

ponsable de la communication de

l’EFS Guadeloupe-Guyane. Pour

sa part, l’EFS Martinique confirme

refuser 1 donneur sur 4, principa-

lement pour cause d’anémie, soit

beaucoup plus qu’en Métropole

(1 sur 10). Enfin, en dépit de ce

que l’on pourrait penser, l’apparte-

nance à une religion qui n’autorise

pas la pratique est l’une des raisons

les moins relevées.

“Au contraire,

certaines associations religieuses

nous aident à collecter du sang

sur leur lieu de culte”

, apprécie

Richard Mindeau en Martinique.

La lecture de nombreuses analyses

laisse à penser que le don de sang

a du mal à entrer dans nos mœurs.

“Les sociologues estiment qu’il est

difficile de donner une partie de

soi, son sang notamment, qui est

l’analogie de la vie, sans savoir

ce que l’on va en faire. C’est un

tabou souvent inconscient que les

gens n’arrivent pas à dépasser. Et

pourtant, ça sauve des vies”

, sou-

ligne Mireille Bordenet. Autre rec-

tification, la contre-indication des

donneurs tatoués.

“Cette rumeur

s’est répandue. Pourtant, les don-

neurs ne sont contre-indiqués que

pendant 4 mois après le tatouage.”

Et puis, il y a aussi les épidémies

de dengue, chikungunya et zika qui

constituent une contre-indication

au don du sang.

Réseau de proximité

également,

“les associations de

donneurs sont peu nombreuses,

voire inexistantes, dans nos dépar-

tements. Or, nous avons besoin

d’un réseau de proximité pour amé-

liorer notre présence sur le terrain.

C’est un travail colossal que nous

devons mener seuls. Nous avons

certes des partenaires, mais ils

ne sont pas habitués au don du

sang”.

C’est en se rapprochant des

populations que l’EFS parviendra à

fidéliser ses donneurs et à en recru-

ter de nouveaux.

“Nous avons en

Martinique 8 000 donneurs fidèles

mais 50 % ne donnent qu’une fois

par an. Nous assistons également

au vieillissement de notre popula-

tion de donneurs qui a aujourd’hui

entre 35 et 50 ans. Nous avons

donc besoin d’en recruter de plus

jeunes. Avoir des bénévoles qui

interviennent dans les écoles, les

lycées, les entreprises.”

*La maladie de Chagas est causée par un

parasite, le

Trypanosoma cruzi

. Il est trans-

mis par les déjections du triatome, variété de

punaises.

© istockPHOTO