

novembre - décembre 2014
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anform !
51
ma
santé
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“Je ne savais pas que j’étais enceinte”
Je suis inquiète parce que j'ai fait un test de grossesse positif
lundi. D’après mes calculs, je suis enceinte depuis 3 semaines
environ. Or, sans me douter de mon état, j’ai beaucoup bu lors
d’une fête le week-end dernier. Je précise que j’ai arrêté depuis
toute prise d’alcool. Quels sont les risques exactement ?
© ISTOCKPHOTO
L’avis du Dr Tony Romuald
L’affronter,la menacer ou la forcer à
consulter ne marchera pas.Au contraire,
il faut lui montrer de la compréhen-
sion.Pour l’instant,elle éprouve plus
d’avantages à consommer de l’alcool
que d’inconvénients.Annie est probable-
ment dépendante sans pouvoir le dire.
L’important dans ce cas de figure est de
permettre une bonne alliance thérapeu-
tique pour qu’elle puisse se dévoiler sans
se sentir jugée.Lui expliquer qu’aller
consulter,ce n’est pas arrêter de boire.
Le but de la consultation sera de mettre
des mots sur son addiction et de mettre
en place,avec elle,une stratégie pour
modifier son comportement.Si l’alcool
lui permet de soulager ses angoisses,
il s’agira d’élaborer des stratégies pour
qu’elle soit moins angoissée.
Il y a bien sûr un risque de malfor-
mations. Car l’alcool passe librement
du sang maternel au sang du fœtus
au travers du placenta, sans que
celui-ci ne fasse barrière. Certains
organes du fœtus sont donc suscep-
tibles de voir leur développement
perturbé par l’alcool. Cependant, à
ce jour, on ne connaît pas la dose
sans risque. Rien ne sert donc d’affo-
ler Karine. D’autant que, si elle a
depuis arrêté toute prise d’alcool, le
risque de syndrome d’alcoolisation
fœtale complet est peu probable.
Le plus important, c’est sa décision
d’arrêter. Il faut la valoriser. Et puis,
il n’y a aucun intérêt à la mettre en
situation de stress pendant 9 mois.
Karine,
23 ans
L’avis du Dr Tony Romuald,
médecin addictologue
“Elle a peur d’être jugée”
Ma petite amie Annie et moi attendons un enfant (3 mois de
grossesse). Ça devrait être la plus belle nouvelle de notre
vie mais voilà, elle n'a pas réglé tous ses problèmes de
dépendance à l'alcool. Bien que très motivée pour arrêter,
elle n'arrive pas à faire face à cette drogue. Je l'ai surprise
à plusieurs reprises en train de boire. Elle est tout à fait
consciente des dangers, mais c’est plus fort qu’elle. Elle a
surtout très peur d'être jugée. Malheureusement, je ne peux
pas la forcer à consulter. Que faire ?
Éric,
26 ans