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anform !
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janvier - février 2017
ecolo
Les fourmis manioc ont envahi
nos forêts et plantations. On
les disait indestructibles. Et
pourtant, une méthode de
lutte innovante vient de voir
le jour et pourrait bien mettre
un terme à cette invasion.
Par Marie-FranCe GruGeauX-etna
C’est là son moindre défaut
Sus aux fourmis
manioc !
L
a première apparition des
fourmis manioc en Gua-
deloupe date de 1954, sur
la commune de Morne-
à-l’Eau. Les chercheurs supposent
qu’elles étaient originaires de Trinidad
ou de Guyane et qu’elles ont débar-
qué à l’occasion d’une livraison de
plantes. Il aura suffit d’une femelle
fécondée pour lancer l’invasion. Elles
ont ensuite progressivement envahi la
Grande-Terre puis la Basse-Terre en
1982. Aujourd’hui, elles sont partout.
Depuis une quinzaine d'années, elles
ont même annexé le massif forestier
du parc national et causent des dé-
gâts sans précédent notamment chez
les fougères arborescentes. Depuis
2011, elles sont aussi à Saint-Bar-
thélemy. C’est un vrai fléau car parmi
les 7espèces envahissantes d’arthro-
podes de Guadeloupe, la fourmi
manioc
(Acromyrmex octospinosus)
est considérée comme étant la plus
préoccupante…
en SYmbioSe
Si la fourmi manioc est capable de
vivre dans n’importe quel environne-
ment, c’est tout simplement parce
qu’elle ne se nourrit ni de feuilles, ni
d’aucune autre forme d’humus. Elle
évolue en symbiose avec un cham-
pignon qui lui fournit les éléments
essentiels qu’elle ne pourrait pas syn-
thétiser elle-même comme les acides
aminés. C’est également grâce à
lui qu’elle peut nourrir ses larves. Et
comme il s’agit d’un échange de
bons procédés, la fourmi l’approvi-
sionne à son tour en plantes de toutes
sortes. Résidus agricoles, forestiers,
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