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novembre - décembre 2016

anform !

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selon les cas ! Pourtant, le parcours

de la baie a été semé d’obstacles.

Si dans les années 1970 on lui

reconnaît déjà un intérêt commer-

cial et des ambitions industrielles

majeures, elle voit son éventuel

développement stoppé par le refus

d’autoriser sa mise sur le marché

par les autorités américaines. Son

grand retour dans l’industrie, elle

l'organise à petits pas, notamment

sur le terrain

médical.La

miraculine

permet d’adoucir les médicaments

amers, notamment dans des trai-

tements lourds et contraignants

contre le cancer.C’est en 2005 que

cet usage est rendu possible, grâce

à un procédé de conservation effi-

cace de cette petite baie très péris-

sable.Mieux encore,la baie pourrait

devenir un adjuvant alimentaire

très intéressant, notamment dans

la lutte contre l’obésité, dont les

ravages sont importants dans nos

départements. Édulcorant naturel,

elle viendrait faciliter l’évolution

des régimes alimentaires et des

habitudes. Au Japon, sa pulpe est

utilisée depuis des années dans la

C’

est au Ghana que

cette petite baie

de la famille des

sapotacées trouve

son berceau. Elle y est appréciée

comme un bonbon. L’arbre qui

la porte aime se faire prier (sa

croissance est lente) et se pare

de petites fleurs blanches qui fleu-

rissent pendant plusieurs mois.Son

fameux fruit, une petite boule au

rouge vif, au nom latin de

Synsepa-

lum dulcificum,

mesure 2 à 3 cm.

terrain médiCal

Son incroyable vertu, il la cache

dans sa pulpe blanche qui contient

une protéine étonnante. La miracu-

line est capable de leurrer le cer-

veau en se fixant sur les récepteurs

dédiés aux saveurs douces et su-

crées, situés dans la bouche. Modi-

fiant ainsi la perception du goût des

aliments. Le résultat est stupéfiant.

Le signal d’acidité ou d’amertume

de l’aliment est remplacé par un

message de sensation sucrée. Plus

impressionnant encore, cette mysti-

fication gustative dure jusqu’à 2 h

production d'aliments dédiés aux

diabétiques. Aux États-Unis, des

chefs cuisiniers avant-gardistes

en ont fait un ingrédient tendance

au cœur d’expériences gustatives

inoubliables.

fragile

Mais il n’y a pas de bon tour qui

ne se résorbe. L’effet adoucissant

de la baie s’estompe s’il on boit

de l’eau ! De plus, elle n’est pas

facile à exploiter en cuisine car la

miraculine n’est pas stable à la cha-

leur. Le fruit est donc rare et fragile.

S’abîmant vite, il rend délicats son

transport et sa conservation. Mais

malgré ses facéties, la petite baie

reste promise à un bel avenir !