

septembre - octobre 2016
•
anform !
57
Dame de cœur
Les femmes suc-
combent plus souvent
aux maladies cardio-
vasculaires que les
hommes. si 43 % des
hommes succombent
à des accidents car-
diaques, ceux-ci sont
fatals chez 55 % des
femmes. La fondation
Recherche cardio-
vasculaire a lancé un
programme visant à
développer des traite-
ments spécifiquement
adaptés aux femmes.
Un programme
baptisé
“le cœur des
femmes”.
•••
© istoCkPhoto ; JUPitERimAGEs
Mais les différences vont beaucoup
plus loin, puisque toutes nos cellules
ont un comportement dépendant de
leur genre. Ainsi, les cellules des pou-
mons des femmes sont beaucoup
plus sensibles aux cancérigènes pré-
sents dans les cigarettes que celles
des hommes. à nombre de ciga-
rettes égales, une fumeuse a plus de
risques de développer un cancer du
poumon qu'un fumeur... L'exemple
des maladies cardiovasculaires est
criant. Ainsi, un homme qui ressent
une vive douleur à la poitrine et au
bras gauche évoque tout de suite
une attaque cardiaque, et les secours
adéquats sont vite appelés. Mais
chez les femmes, l'infarctus peut
prendre d'autres formes : nausées,
fatigue, etc. Beaucoup moins faciles
à identifier ! Résultat, selon une étude
publiée par Khalid Barakat du Royal
Hospitals Trust à Londres, elles arri-
veraient aux urgences 12,5 min plus
tard que les hommes. En outre, elles
ne sont pas examinées aussi rapide-
ment. Elles ne sont que 29% à avoir
un électrocardiogramme en moins
de 10 min, contre 38%des hommes.
Les médicaments n'ont pas non plus
le même impact sur un organisme
féminin. Prenez l'aspirine, un clas-
sique de notre armoire à pharmacie.
Prise à petites doses, elle protège le
système cardiovasculaire, notam-
ment grâce à sa propriété de fluidifier
le sang. Mais chez les hommes, elle
diminue le risque d'infarctus et, chez
les femmes, celui d'accidents vascu-
laires cérébraux.
effets secondaires
Le problème, c'est que ni la méde-
cine ni l'industrie pharmaceutique
ne prennent en compte ces diffé-
rences hommes/femmes. Lors de la
conception d'un médicament, les
essais cliniques sont majoritaire-
ment réalisés sur des cellules mas-
culines et sur des animaux mâles.
Pourquoi ?
“Il y a une tendance à
considérer que les cellules fémi-
nines ont un comportement plus va-
riable, sous l'effet des hormones. Et
on postule souvent que les résultats
obtenus sur des cellules masculines
peuvent être extrapolés aux cellules
féminines”,
poursuit Janine Clayton.
Or, ces postulats sont faux. Dans les
dernières phases de développement
des médicaments, au moment de
les tester sur les humains, l'inéga-
lité continue. Les hommes sont
beaucoup plus souvent enrôlés
dans les essais cliniques que les
femmes. Pour des raisons cohé-
rentes, cette fois-ci. En effet, les cli-
niciens craignent que la volontaire
soit enceinte (sans le savoir) et
que l'essai affecte l'embryon.
Par ailleurs, la plupart des
femmes suivent un traitement
contraceptif, qui peut interagir
avec le médicament ou fausser les