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anform !
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septembre - octobre 2016
Par marion brisWalter
De l’opium pour les
anesthésies, du venin
de fer de lance contre
l’hypertension ou encore
les dendrobates pour
soigner la sclérose
en plaques. Qui
soupçonnerait que
nos médicaments
renferment parfois des
molécules des venins les
plus puissants du
monde ?
Les poisons
qui soignent
Bête noire
L’
intérêt de la science
pour les venins remonte
au XVIII
e
siècle. En
100 ans, ils s’affirment
comme un outil d’une très grande
précision. Aujourd’hui, leur utilisa-
tion se fait dans 3 directions. Celle
de la recherche fondamentale, du
diagnostic et de la thérapeutique.
Puisant dans les connaissances des
peuples autochtones, la médecine
moderne a accordé un rôle thérapeu-
tique aux poisons qui, à l’état natu-
rel, foudroient ou amoindrissent.
fer de lance
et thrombose
En Guadeloupe, il n'existe
pas de serpents venimeux.
La situation est toute
au t r e
en
©istockphoto ; hEMERA
qu'anform me fait du bien !
Martinique et en Guyane. Les pro-
meneurs des espaces verts, les tra-
vailleurs agricoles et les propriétaires
de jardin le savent, mieux vaut regar-
der où l’on met le pied ou la main.
Mais si les serpents provoquent des
sueurs froides chez les particuliers, la
médecine a tôt fait d’y recourir. Chris-
tian Marty, spécialiste des animaux
venimeux de Guyane présentant un
risque pour l'homme, le confirme,
“Il
y a 20 ou 30 ans, des études portant
sur le
Bothrops marajoensis
(ou fer
de lance de Marajó, une île du Brésil
située dans le delta de l'Amazone,
ndlr) connu comme le frère du grage
petit carreau (présent en Guyane),
ont servi à élaborer des substances
dont on a tiré le Captopril (commer-
cialisé en générique)qui représente à
ce jour un anti-hypertenseur majeur”.
Cette classe de médicament est uti-
lisée principalement dans l'hyper-
Paru en
2010