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mars - avril 2017

anform !

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•••

© ISTOCK

difficile à accepter est que l’enfant

paraît normal à la naissance, puis

les signes s’installent vers 18 mois

et le diagnostic est posé vers

48 mois.

PERTURBATEURS

ENDOCRINIENS

Grâce aux découvertes de l’épigé-

nétisme (partie de la génétique qui

explique comment l’environnement

impacte notre renouvellement cel-

lulaire), plusieurs pistes se des-

sinent. D’abord la piste bactérienne

issue des recherches du Pr Monta-

gnier, prix Nobel de médecine. Il a

découvert que certaines bactéries,

notamment la sutterella et la clos-

tridie, sont en jeu et peuvent gêner

la croissance cérébrale. Cette

piste est toujours à l’étude et

un traitement par antibio-

tiques serait possible.

On sait aussi que

les métaux lourds

comme le mercure

absorbé pendant la

grossesse (inhalé dans l’air, l’eau,

ou provenant des amalgames den-

taires de la mère) peuvent intoxi-

quer le cerveau en formation.

Les substances toxiques comme

les médicaments ont un impact

comme le montre l’affaire de la

Depakine, médicament pris par

la femme enceinte épileptique.

Mais la cause la plus probable

semble être celle des subs-

tances de notre environne-

ment que nous côtoyons tous

les jours ! C’est la biologiste

Barbara Demeneix, travaillant

depuis plus de 15 ans au Mu-

seum d’histoire naturelle, qui a

lancé l’alerte. Elle a montré que ces

substances, appelées perturbateurs

endocriniens (ou PE), bloquent la

signalisation des hormones thyroï-

diennes entraînant des défauts de

production de neurones. Ce sont

les dérivés du benzène (HAP) avec

surtout les vapeurs du diesel et de

l’essence. Les pesticides et tous les

les causes ? Pendant longtemps,

on a culpabilisé les parents avec

les théories psychanalytiques.

L’autisme serait dû à un manque

d’interactions affectives avec les

parents. Théorie des “mères frigos”

de Bruno Bettelheim et Manoni.

L’autre piste fut les facteurs hérédi-

taires et la génétique. Le génome a

été trituré en tous sens. On a trouvé

900 gènes impliqués mais cela

ne concerne que 10 à 15 % des

autistes. Or, il existe 100 formes

différentes d’autisme ! Qu’en est-il

pour les 85 % restantes ?

IMPACT IN UTERO

Pour comprendre comment l’au-

tisme se met en place, il faut ana-

lyser la croissance d’un cerveau

normal. Pendant la vie in utero,

le cerveau fabrique des cellules

nerveuses à des moments et des

endroits précis. Cette synchro-

nicité est étroitement en rapport

avec les signaux hormonaux. À la

naissance, le cerveau fait 400 g et

double jusqu’à l’âge de 4 ans, soit

800 g. Puis, il met 14 ans pour dou-

bler encore et faire environ 1 600 g

à l’âge adulte. Quand on observe

le cerveau normal, la cellule ner-

veuse émet des communications

avec les cellules alentour appelées

synapses. Or, chez l’enfant autiste,

il y a moins de cellules nerveuses et

chacune fait trop de synapses. On

a donc bien une anomalie physique

qui s’exprime quand le cerveau

grandit et l’on peut comprendre

que plus l’anomalie commence tôt,

plus les dégâts sont irréversibles.

C’est donc pendant la vie in utero

que l’impact est le plus fort. Le plus