

octobre - novembre 2015
•
anform !
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Pour les enfants souffrant de l’asthme
d’effort (AIE), l’abus de sport est à proscrire,
autant que l’absence d’activité physique.
Éclairage du Dr Marie-Alice Mounouchy,
pneumologue.
PAR MARIE-FRANCE GRUGEAUX-ETNA
nos
enfants
L’
asthme d’effort est tout
simplement une obstruc-
tion bronchique transitoire
(essoufflement, sifflements
et toux) consécutive à un exercice phy-
sique intense, survenant habituellement
5 à 10 minutes après l’effort et parfois
même pendant l’effort. Les symptômes
les plus courants sont une respiration
courte, un essoufflement anormal pour
l’effort consenti, des quintes de toux,
une gêne pharyngée, une sensation de
striction thoracique, une diminution des
performances (court moins vite que ses
camarades).À noter que 70 à90 % des
asthmatiques souffrent d’un AIE.
comment déceler
l’asthme d’effort ?
En sport, l’enfant se plaint d’essouffle-
ment ou de toux. L’enseignant remarque
des difficultés respiratoires au moment de
l’effort et le manque de performance. Les
parents peuvent aussi faire les mêmes
constats.
pourquoi asthme et effort sont-
ils associés ?
C’est la conséquence d’une broncho-
constriction et d’une inflammation bron-
chique en réponse à l’exercice. Mais, à
l’inverse, l’exercice peut être considéré
comme l’exacerbation d’une hyperréac-
tivité et d’une inflammation bronchiques
pré-existantes.
tous les sportifs
sont-ils asthma-
tiques ?
Non, néanmoins 10 à15% des athlètes
olympiques sont asthmatiques tout en
obtenant des résultats sportifs de haut
niveau. Ceci démontre l’efficacité d’un
entraînement régulier et du maintien
d’une aptitude physique normale. On
peut observer un AIE chez des athlètes
non asthmatiques pratiquant plusieurs
heures d’entraînement par semaine. Les
sports d’endurance (cyclisme, course à
pied, athlétisme, sport d’équipe, ski de
fond, patinage) exposent le plus. À l’in-
verse, les sports de combat et la natation
exposent le moins.
quels sont les facteurs
qui aggravent l’aie ?
Les facteurs favorisants sont essentielle-
ment la pollution atmosphérique ou des
irritants bronchiques comme le chlore
des piscines, l’air froid, l’exposition aux
polluants (ozone, fumées, tabac), la sé-
dentarité, l’exercice physique exagéré et
l’obésité.
Les enfants atteints d’aie sont-
ils privés de sport ?
Au contraire, l’activité physique est indis-
pensable àl’enfant asthmatique. Il ne faut
jamais lui accorder une dispense d’acti-
vité physique (sauf cas particulier et de
façon transitoire). En effet, la pratique du
sport et l’entraînement physique consti-
tuent une thérapie et contribuent àl’amé-
© istockphoto
lioration de sa qualité
de vie. En revanche, il faut
adapter les recommandations en fonction
des possibilités de l’enfant.Voilàpourquoi
une information auprès du corps ensei-
gnant et médical, en début d’année, est
indispensable pour faciliter la prévention.
Aucun sport n’est interdit sauf la plongée
sous-marine en bouteilles.
comment gérer son aie ?
Le principal traitement est un entraîne-
ment physique régulier. En parallèle,
différentes techniques existent pour pré-
venir efficacement l’AIE. Ainsi, l’échauf-
fement est primordial par des exercices
respiratoires mais aussi l’échauffement
séquentiel par alternance de séquences
de course lente et de marche. Les exer-
cices brefs et intenses ou des exercices
prolongés mais peu intenses sont moins
asthmogènes.
dispose-t-on de médicaments
pour prévenir l’aie ?
Oui, il existe une batterie de médicaments
efficaces comme les bronchodilatateurs
de courte durée d’action, à prendre
15 min avant l’effort, les bronchodilata-
teurs de longue durée d’action, àprendre
30min avant l’effort, les anti-leucotriènes
en traitement continu (un comprimé le
soir) et, enfin, la corticothérapie inhalée,
en traitement de fond, diminue le risque
de survenue d’un AIE.