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anform !
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juin - juillet 2015
Petites confidences
à ma psy
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anform! Leforum
2, avenueCharles Isautier - ZI n°3 - 97410 Saint-Pierre
Vous voulez
évoquer
un problème
personnel, relationnel,
amical, amoureux, familial…
Philippe,
Il est clair que, contrairement à ce
qu'affichent les médias et en dépit des
apparences, la liberté concernant le
choix de sa sexualité n'est apparemment
pas "égale" pour tous. Et c'est pourquoi
vous ne trouvez pas "juste" l'attitude
de votre père. Cela m'amène à vous
interroger sur deux points, Philippe.
Le premier concerne cette notion
d'injustice : qu'est-ce qui serait "juste"
à vos yeux ? D’ailleurs, j'invite chacun à
réfléchir sur ce positionnement de vic-
time qu'implique forcément le ressenti
d'injustice car il cristallise la personne
dans une posture de soumission et
d'assujettissement. Deuxième point :
vous semblez subir le positionnement
de votre père par rapport à votre homo-
sexualité puisque vous-même acceptez
de ne pas aller dans les réunions de
famille suivant en cela l'interdiction de
votre père. Il me semblerait important
pour vous de "régler vos comptes" avec
votre père qui a, je trouve, un pouvoir
incroyable tant sur vous que sur le reste
de la famille. Autrement dit, votre père a
le droit de penser ce qu'il veut mais il n'a
pas le droit de l'imposer aux autres. Et
qu'est-ce qui fait que dans votre histoire,
vous ne vous donniez pas la permission
de ne pas subir cette "injustice" ? Je suis
convaincue qu'une fois que vous aurez
cessé d'attendre le cautionnement de
votre père, vous vous sentirez plus libre
d'être vous-même et donc plus auto-
risé à occuper votre place dans cette
famille malgré ses interdictions ! Ne
vous découragez pas,
Philippe, et sachez mobi-
liser vos ressources
pour faire valoir vos
droits à vivre entouré
de votre famille dans
la bienveillance et
l'assertivité.
Homo, mon père m’empêche
de voir ma famille
Je suis homosexuel. Et, contrairement à ce qu’on voit à la télé, mes parents, mon père surtout, n’ont pas
très bien digéré la nouvelle. Il m’en veut, je le sais. Mais au lieu de me le dire directement, il m’interdit de
venir avec mon ami aux réunions de famille. Tout le monde y va avec son conjoint ou sa conjointe. Et tout
le monde est surpris à chaque fois de ne pas me voir. Mais mon père a honte de moi. J’ai fait un choix
de vie et l’assume. Mais m’empêcher de voir le reste de ma famille, c’est vraiment injuste.
Philippe, Saint-Denis
Les secrets de famille sont le socle de toute famille.
Le vôtre n’est pas plus honteux que le mien. Toutes
les familles en ont de plus ou moins jolis, racontables
ou avouables. Des enfants nés hors mariage, des
escroqueries, des procès, des malhonnêtetés, des
coucheries, des coups de main qu’on aurait pu donner, de
l’argent qu’on aurait pu prêter... Rien qu’on n’ait pas déjà
vu dans une série ou un film. La question que je me suis
posée, c’est : “que faire de ça ?”. Faut-il que je le traîne
derrière moi comme un boulet, que j’en rougisse ? Alors
même que je n’en suis pas responsable. Certaines familles
laissent derrière elles comme une traînée baveuse,
partout où elles passent. On dit : “tu sais, ce sont les
untels de tel endroit. Ceux dont le père a fait ceci.” Et toi,
tu vis avec, à l’école, au collège, au lycée... On te regarde
comme un monstre responsable des agissements de ton
aïeul. Le prix est parfois lourd. Pour s’en dégager, il faut
vivre sa vie, continuer son chemin et laisser parler les
gens. T’inquiète pas, Huguette, ceux qui te regardent de
travers ne sont pas meilleurs que toi. Et leurs tiroirs sont
pleins de secrets plus sales que les tiens.
Henry, Le Tampon
Réaction au courrier de Huguette publié dans le précédent numéro.
Les secrets de famille
Par Sandrine Dagnaux,
psychothérapeute