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avril - mai 2015

anform !

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nos

enfants

pagner aux tournois, le soutenir... et

savoir trouver les mots si tout ne se

déroule pas comme prévu. Plus difficile

encore, tout cela ne doit pas se faire

au détriment du travail scolaire ou de

l’harmonie familiale. Il est important

d’expliquer au jeune sportif qu’il y a

d’autres choses tout aussi importantes,

et plus encore, que ses performances.

LEs ParEnts sE ProJEttEnt

Pour le docteur Éric Joussellin, qui a

dirigé le service médical de l’Institut

national du sport, de l’expertise et de la

performance (Insep) pendant 25 ans,

la compétition est une bonne chose...

du moment qu’elle reste un plaisir !

“Dès qu’ils sont capables de structu-

rer un jeu, les enfants prennent plaisir

à se mesurer les uns aux autres. Ce

qui est tout à fait sain. De même, les

petites compétitions organisées par les

clubs peuvent être un lieu d’épanouis-

sement. Toutefois, le plus grand dan-

ger pour les enfants qui pratiquent la

compétition est d’évoluer dans un en-

vironnement qui les pousse avec une

projection forte de la part des parents.”

C’est ainsi que, de façon inconsciente,

certains parents se réalisent à travers

leur enfant et l’incitent à faire ce qu’ils

n’ont pu accomplir. Il arrive même

qu’ils se substituent au coach et suren-

traînent leur enfant en augmentant le

risque de blessure.

DEs annéEs DE traVaIL

“Pour la pratique d’un sport de haut

niveau, il est préférable d’attendre la

puberté”,

conseille le Dr Joussellin.

Se pose alors le problème des sports

dits “à maturité précoce” comme la

gymnastique, la natation ou le tennis.

Car pour arriver au haut niveau, il

faut généralement 6 à 8 ans de

pratique. Or en gymnastique,

l’aspect acrobatique est désor-

mais favorisé au détriment de

l’aspect esthétique. Plus on est jeune,

plus on est apte à développer des acro-

baties complexes. C’est pourquoi les

gymnastes de haut niveau ont généra-

lement entre 16 et 19 ans. Mais pour

en arriver là, ces jeunes filles ont dû

s’entraîner plus de 10 heures par se-

maine depuis l’enfance. Au niveau du

développement, cette pratique à haut

niveau retarde l’âge de la puberté. De

même, pour la natation, il est néces-

saire d’avoir nagé un certain nombre

d’heures (et d’années) pour arri-

ver à glisser efficacement dans

l’eau.

“Lorsqu’on se spécialise

très tôt et de façon intense

dans une activité, on spé-

cialise aussi le corps dans

son développement phy-

siologique et neurologique”,

explique le Dr Joussellin. Diffi-

cile alors d’espérer atteindre le haut

niveau si l’on débute tardivement ces

activités pour lesquelles les sportifs

aguerris sont entraînés depuis l’en-

fance.

rEPérEr LEs sIgnEs

Sauf qu’arrive parfois un moment où, si

les résultats ne suivent pas après des

années de labeur, le découragement

gagne. Le jeune sportif met alors un

terme brutal à sa pratique. Et ce phé-

nomène ne s’observe pas que dans

le haut niveau. De nombreux enfants

© IstockPHoto , JUPIteRIMAGes

n’osent pas avouer leur

lassitude, par peur de décevoir leur

entourage (entraîneur, famille...). Plus

encore s’ils se sont énormément inves-

tis. Dès lors que l’enfant ne se rend

plus aux compétitions avec entrain, s’il

est isolé du reste du groupe, ou s’il se

plaint souvent de douleurs, ces signes

doivent mettre la puce à l’oreille. Cer-

tains enfants auront en outre du mal à

gérer leur déception, leur stress. Il fau-

dra alors trouver le moyen de dédrama-

tiser pour les aider dans leur transition.

EN

CHIFFRES

28 %

Parmi les jeunes

de 15à 24 ans,

28% participent à des

compétitions.

Source : Pratiques physiques

et sportives, Injep, 2010.