

avril - mai 2015
•
anform !
67
nos
enfants
pagner aux tournois, le soutenir... et
savoir trouver les mots si tout ne se
déroule pas comme prévu. Plus difficile
encore, tout cela ne doit pas se faire
au détriment du travail scolaire ou de
l’harmonie familiale. Il est important
d’expliquer au jeune sportif qu’il y a
d’autres choses tout aussi importantes,
et plus encore, que ses performances.
LEs ParEnts sE ProJEttEnt
Pour le docteur Éric Joussellin, qui a
dirigé le service médical de l’Institut
national du sport, de l’expertise et de la
performance (Insep) pendant 25 ans,
la compétition est une bonne chose...
du moment qu’elle reste un plaisir !
“Dès qu’ils sont capables de structu-
rer un jeu, les enfants prennent plaisir
à se mesurer les uns aux autres. Ce
qui est tout à fait sain. De même, les
petites compétitions organisées par les
clubs peuvent être un lieu d’épanouis-
sement. Toutefois, le plus grand dan-
ger pour les enfants qui pratiquent la
compétition est d’évoluer dans un en-
vironnement qui les pousse avec une
projection forte de la part des parents.”
C’est ainsi que, de façon inconsciente,
certains parents se réalisent à travers
leur enfant et l’incitent à faire ce qu’ils
n’ont pu accomplir. Il arrive même
qu’ils se substituent au coach et suren-
traînent leur enfant en augmentant le
risque de blessure.
DEs annéEs DE traVaIL
“Pour la pratique d’un sport de haut
niveau, il est préférable d’attendre la
puberté”,
conseille le Dr Joussellin.
Se pose alors le problème des sports
dits “à maturité précoce” comme la
gymnastique, la natation ou le tennis.
Car pour arriver au haut niveau, il
faut généralement 6 à 8 ans de
pratique. Or en gymnastique,
l’aspect acrobatique est désor-
mais favorisé au détriment de
l’aspect esthétique. Plus on est jeune,
plus on est apte à développer des acro-
baties complexes. C’est pourquoi les
gymnastes de haut niveau ont généra-
lement entre 16 et 19 ans. Mais pour
en arriver là, ces jeunes filles ont dû
s’entraîner plus de 10 heures par se-
maine depuis l’enfance. Au niveau du
développement, cette pratique à haut
niveau retarde l’âge de la puberté. De
même, pour la natation, il est néces-
saire d’avoir nagé un certain nombre
d’heures (et d’années) pour arri-
ver à glisser efficacement dans
l’eau.
“Lorsqu’on se spécialise
très tôt et de façon intense
dans une activité, on spé-
cialise aussi le corps dans
son développement phy-
siologique et neurologique”,
explique le Dr Joussellin. Diffi-
cile alors d’espérer atteindre le haut
niveau si l’on débute tardivement ces
activités pour lesquelles les sportifs
aguerris sont entraînés depuis l’en-
fance.
rEPérEr LEs sIgnEs
Sauf qu’arrive parfois un moment où, si
les résultats ne suivent pas après des
années de labeur, le découragement
gagne. Le jeune sportif met alors un
terme brutal à sa pratique. Et ce phé-
nomène ne s’observe pas que dans
le haut niveau. De nombreux enfants
© IstockPHoto , JUPIteRIMAGes
n’osent pas avouer leur
lassitude, par peur de décevoir leur
entourage (entraîneur, famille...). Plus
encore s’ils se sont énormément inves-
tis. Dès lors que l’enfant ne se rend
plus aux compétitions avec entrain, s’il
est isolé du reste du groupe, ou s’il se
plaint souvent de douleurs, ces signes
doivent mettre la puce à l’oreille. Cer-
tains enfants auront en outre du mal à
gérer leur déception, leur stress. Il fau-
dra alors trouver le moyen de dédrama-
tiser pour les aider dans leur transition.
EN
CHIFFRES
28 %
Parmi les jeunes
de 15à 24 ans,
28% participent à des
compétitions.
Source : Pratiques physiques
et sportives, Injep, 2010.