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anform !
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février - mars 2015
question d'actu
© ISTOCK
tiqued'agir sur unebactérie. Elles sont
devenues résistantes, parfois même à
plusieurs familles d’antibiotiques. Ce
phénomène réduit les possibilités de
traitement en cas d’infection. L'acqui-
sitiond'une résistanceest facilitéepar
l'usage massif des antibiotiques. En
effet, si une population de bactéries,
comprenant quelques individus résis-
tants, est confrontéeàunantibiotique,
celui-ci vadétruiretoutes les bactéries,
sauf les résistantes. Sans compétiteur
pour l'espaceni pour lanourriture, ces
bactéries résistantes se développent
très vite.
NOuVelles MOléCules
Pour lutter contre l'apparition des
résistances, une solution consisterait
à mettre au point de nouveaux anti-
biotiques. Hélas, la conception d'un
médicament prendau minimum10 à
15 ans. Cequi est très long. Et l'indus-
triepharmaceutiqueest enpanne. Les
crédits de recherche, pour des molé-
cules que l'on vend peu cher, dont
l'usage est réduit àquelques jours, et
que l'on recommande d'utiliser peu,
ont nettement diminué. De petites
sociétés innovantes testent cependant
de nouvelles approches, par exemple
en s'attaquant aux mécanismes de
résistance eux-mêmes. L'autre solu-
tion consiste à réduire l'utilisation des
antibiotiques au strict nécessaire. Ce
fut lebut delacampagne
“Les antibio-
tiques, c'est pas automatique”,
menée
de2002à2007par laSécuritésociale,
et decellequi suivit
(“Si tu les utilises
à tort, ils seront moins forts”)
. L'idée
était de ne plus prescrire systémati-
quement des antibiotiques face àune
infection ou en préventif, et de ne
prescrireque l'antibiotiqueutilecontre
labactérie responsablede lamaladie,
identifiée grâce à un antibiogramme.
Une campagne qui aporté ses fruits.
Aujourd'hui, laFrancen’est plus lepre-
mier consommateur d’antibiotiques en
Europe. Mais elle fait toujours partie
despays lesplusconsommateurset où
les résistances bactériennes sont les
plus fréquentes. Et, si la consomma-
tion globaled'antibiotiques avait bais-
sé de 19 % entre 2000 et 2004, elle
est repartie à lahausse depuis 2005.
Pour leprofesseur AntoineAndremont,
qui dirige le laboratoire de bactério-
logie à l'hôpital Bichat (Paris)*, il est
urgent de promouvoir larecherche de
nouvelles molécules et de renforcer la
lutte contre l'usage tropmassif d'anti-
biotiques :
“Aujourd'hui, on estime que
50 à 80 % des antibiotiques sont utili-
sés mal à propos. Si nous continuons,
d'ici 20 ans, des opérations bénignes
pourront devenir mortelles.”
*
Antibiotiques, le naufrage,
Pr AntoineAndremont avec
StephanMuller, éditions Bayard, 2014
Usage
vétérinaire :
en progrès !
Selon l’Autorité européenne
de sécurité des aliments,
l’industrialisation des
élevages (cochons, poulets,
veaux…) a joué aussi un
rôle dans le développement
de souches résistantes
aux antibiotiques, dans
les années 1960. Dans
un rapport paru fin
2014, l'Agence nationale
de sécurité sanitaire
de l'alimentation, de
l'environnement et du
travail, saluait les progrès
réalisés dans la lutte
contre l'utilisation de ces
molécules. En 2013, le
niveau d’exposition des
animaux aux antibiotiques
est pour la première fois
inférieur à celui de 1999,
année de lancement du plan
de surveillance (- 5,5 %).
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