Previous Page  14 / 100 Next Page
Basic version Information
Show Menu
Previous Page 14 / 100 Next Page
Page Background

“Seules les

mammographies

2D sont prises

en charge par

la Sécurité sociale.”

14

anform !

décembre - janvier 2015

question d'actu

© FOTOLIA

ment à un programme de dépistage. Cet

inconvénient devrait cependant bientôt

être réduit, car les fabricants travaillent

constamment à l'abaissement des doses

d'irradiation.

sUrdiaGnostiC

Le deuxième inconvénient, c'est le coût.

Un mammographe 3D coûte plus cher

(environ 350 000 euros contre 200 000

pour un 2D). Un surcoût qui sera sans

doute répercuté sur le tarif des mammo-

graphies. Aujourd'hui, en France, seules

les mammographies 2D sont prises en

charge par la Sécurité sociale pour le

dépistage du cancer du sein. Ce surcoût

serait évidemment justifié si les cancers

détectés en sus correspondaient à autant

de vies sauvées. Or, ce n'est pas évident.

D'abord parce que toutes les études qui

montrent la supériorité dumammographe

3D sur le 2D sont financées, au moins en

partie, par la société qui fabrique ces ima-

geurs... Elles ne sont donc pas totalement

objectives. Ensuite, rien ne dit que détec-

ter plus de cancers permet de sauver des

vies. En effet, une part importante des

cancers que l'on dépiste ne seraient, en

fait, pas dangereux. Si on les avait igno-

rés, ils ne se seraient pas développés,

ou trop lentement, pour affecter la santé

de la patiente. On parle dans ce cas de

“surdiagnostic”. Selon Catherine Hill, épi-

démiologiste à l'Institut Gustave-Roussy

de Villejuif : “

On estime que 1 à plus de

20 % des détections de cancers seraient

du surdiagnostic.”

Or, un surdiagnostic

n'est pas anodin. Pour l'épidémiologiste,

il transforme

“une femme en bonne santé

en femme cancéreuse”

qui va en subir

tous les traitements. Une situation très dif-

ficile à vivre moralement et qui s'accom-

pagne de traitements lourds (chirurgie

pour extraire la tumeur, chimiothérapie

agressive, effets secondaires multiples,

etc.). Bref, il y a des cas oùfaire plus n'est

pas forcément faire mieux.

•••