

“Seules les
mammographies
2D sont prises
en charge par
la Sécurité sociale.”
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anform !
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décembre - janvier 2015
question d'actu
© FOTOLIA
ment à un programme de dépistage. Cet
inconvénient devrait cependant bientôt
être réduit, car les fabricants travaillent
constamment à l'abaissement des doses
d'irradiation.
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Le deuxième inconvénient, c'est le coût.
Un mammographe 3D coûte plus cher
(environ 350 000 euros contre 200 000
pour un 2D). Un surcoût qui sera sans
doute répercuté sur le tarif des mammo-
graphies. Aujourd'hui, en France, seules
les mammographies 2D sont prises en
charge par la Sécurité sociale pour le
dépistage du cancer du sein. Ce surcoût
serait évidemment justifié si les cancers
détectés en sus correspondaient à autant
de vies sauvées. Or, ce n'est pas évident.
D'abord parce que toutes les études qui
montrent la supériorité dumammographe
3D sur le 2D sont financées, au moins en
partie, par la société qui fabrique ces ima-
geurs... Elles ne sont donc pas totalement
objectives. Ensuite, rien ne dit que détec-
ter plus de cancers permet de sauver des
vies. En effet, une part importante des
cancers que l'on dépiste ne seraient, en
fait, pas dangereux. Si on les avait igno-
rés, ils ne se seraient pas développés,
ou trop lentement, pour affecter la santé
de la patiente. On parle dans ce cas de
“surdiagnostic”. Selon Catherine Hill, épi-
démiologiste à l'Institut Gustave-Roussy
de Villejuif : “
On estime que 1 à plus de
20 % des détections de cancers seraient
du surdiagnostic.”
Or, un surdiagnostic
n'est pas anodin. Pour l'épidémiologiste,
il transforme
“une femme en bonne santé
en femme cancéreuse”
qui va en subir
tous les traitements. Une situation très dif-
ficile à vivre moralement et qui s'accom-
pagne de traitements lourds (chirurgie
pour extraire la tumeur, chimiothérapie
agressive, effets secondaires multiples,
etc.). Bref, il y a des cas oùfaire plus n'est
pas forcément faire mieux.
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