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mars - avril 2016

anform !

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Les anolis ont la capacité de modifier

leur couleur selon le milieu, la tem-

pérature et leur état de stress. Ils se

déplacent facilement sur les parois

grâce à des setae, poils situés sous

les doigts permettant d’adhérer faci-

lement aux diverses surfaces.

Source : Parc naturel régional de la Martinique

Le saviez-vous ?

écolo

© r.MaZIN Et F.saLLE

dateurs. Dans les maisons, les anolis

sont actifs la nuit. Ils profitent des

lumières artificielles et mangent les

blattes. Dans la nature, ils dorment la

nuit, en général au bout des rameaux.

Mais se servent parfois des lampa-

daires comme pièges à insectes.

Depuis plusieurs dizaines d'années,

les naturalistes, dont Michel Breuil,

pointent du doigt les dangers qui

menacent nos chers anolis et toutes

les espèces endémiques en général.

espèces invasives

Le principal problème vient des nou-

velles espèces qui arrivent sur les îles

via les containers de marchandises,

bois, végétaux ou autres. Toutes

sortes de bestioles clandestines ou

non profitent d'un milieu différent et

créent un déséquilibre dans le milieu

naturel local.ÀSaint-Barth a débarqué

l'anolis de Cuba qui mesure plus de

40 cm ! À la Dominique et à Saint-

Martin est arrivé un anolis de Porto

Rico. Ces espèces invasives finissent

par prendre le dessus sur les espèces

endémiques. Cette situation existait

déjànaturellement mais restait excep-

tionnelle. Par exemple, lorsque des

cyclones arrachent et transportent

des végétaux et des animaux d’île en

île. Aujourd’hui, avec la prolifération

des espèces invasives, la situation

atteint des proportions inquiétantes.

Ce phénomène est valable pour tous

les groupes (amphibiens, oiseaux…)

mais, pour les reptiles, c’est encore

plus frappant. C’est le cas, par

exemple de l’iguane invasif (venu de

Guyane et d’Amérique Centrale)qui a

presque complètement éliminé celui

des Petites Antilles, espèce endé-

mique du Nord d’Anguilla au Sud de

la Martinique.

poisons chimiques

Les pesticides utilisés pour les

cultures, comme celle de la banane,

mais aussi les doses énormes de

produits chimiques qu'utilisent les

particuliers dans leurs jardins sont

aussi des destructeurs massifs de la

faune alentour, dont les lézards. Mais,

bonne nouvelle, depuis quelques an-

nées, on utilise de moins en moins de

pesticides dans les bananeraies. On a

ainsi remarqué une augmentation de

la biodiversité dans les bananeraies

non traitées. Alors qu'il y a 25 ans, il

n'y avait ni brin d'herbe ni animaux.

Cependant, l'utilisation par les particu-

liers doit absolument diminuer. Aussi,

les animaux de compagnies (chiens,

chats, poules...) sont de gros préda-

teurs de reptiles. Ainsi que les rats,

mangoustes et racoons, qui repré-

sentent une grande menace pour nos

petits anolis.

Mauvaises élèves...

Michel Breuil note la triste réalité

des îles des Caraïbes françaises qui

détiennent deux records aux Antilles.

Elles ont perdu le plus d'espèces

endémiques et ont reçu le plus d'es-

pèces invasives. Les Britanniques

sont beaucoup plus impliqués sur

les îles anglophones. Ils réagissent

beaucoup plus vite. Le spécialiste

regrette ce manque de réactivité et

ajoute :

“il y a toujours des perro-

quets en Dominique, à Saint-Vincent

ou à Sainte-Lucie. On en avait en

Guadeloupe et en Martinique. On

avait aussi des serpents, des cou-

leuvres non venimeuses sur toutes

les îles françaises. Il n'en reste qua-

siment plus, juste quelques-unes aux

Saintes.”

Doit-on aussi se résoudre à

voir disparaître nos anolis ?