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anform !

mars - avril 2016

bien-être

“Refaire le chemin de croix

avec des toupies”

Pâques 1948. J’avais 10 ans. Nous habitions

un village perdu dans le mitan de Marie-

Galante, l’Étang Noir. Toute la semaine qui

précédait le dimanche pascal, je jouais avec

les garçons du coin, à“piquer Judas”, une

simulation du sacrifice de Jésus, faire et re-

faire le chemin de croix… avec des toupies ! Il fallait avoir une bonne

toupie, fabriquée par le charron du coin, àlaquelle on tenait parti-

culièrement, en bois de goyavier, de citronnier, de savonnette. Nous

déterminions ensemble le parcours du calvaire, il fallait qu’il se ter-

mine dans un “quatre chemins”, symbole de la croix. Le jeu consistait

àdéterminer quelle toupie allait commencer àjouer le rôle de Judas.

Elle était mise au sol et tous les autres joueurs devaient s’acharner sur

elle en essayant àla fois de la piquer tout en la faisant avancer

vers son Golgotha, c’est-à-dire le “quatre chemins”.

Cela durait toute la semaine jusqu’au Vendredi Saint

à3 h de l’après-midi, heure de la mort supposée de

Jésus Christ ! Et le samedi Gloria, il fallait se laver à

grande eau pour se débarrasser de

tous les péchés.

Hector, 77 ans

Nos parents nous achetaient de beaux

vêtements pour aller àla messe du dimanche

de Pâques. On attendait impatiemment nos

belles tenues. Je me souviens bien d’une très

jolie robe blanche avec des passants àfleurs

que j’adorais. On se rendait àl’église Saint-

Jules de Pointe-à-Pitre, qui n’existe plus. Après la messe, on

recevait des petits gâteaux. Le lundi de Pâques, on allait àla plage

en famille et maman cuisinait les meilleurs plats : colombo, matété et

calalou de crabe. Les enfants se baignaient et jouaient aux cartes, àla

pioche, àla marelle, àcache-cache et faisaient

des châteaux de sable. Je suis nostalgique de

l’esprit d’antan.

Lucienne, 89 ans

“En chars

à bœufs”

Àpartir du mercredi des

Cendres, le respect du culte,

de la discipline et de la vie

spirituelle faisait son retour. Les

enfants devaient respecter les

grandes personnes et rendre

des services sinon nous étions

punis par le diable ! Le lundi

de Pâques, c’était fête ! Nous

partions en famille sur les

charrettes àbœufs jusqu’àla

Baie du Moule. Entre enfants,

on jouait aux osselets avec des

petites pierres, noyaux, graines

ou bourgeons de goyave.

Philippe, 90 ans

“Bien habillés

pour la messe”

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