

mars - avril 2016
•
anform !
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bien-être
Petite, j’étais toujours très impatiente
d’aller àla mer pour Pâques, avec
mes 5 frères et
sœurs.Àl’époque, on
y passait la journée,mais on ne campait pas.Maman préparait
du colombo de crabe ou des dombrés au crabe.Vers 11 ans,
j’ai tout appris en la regardant faire et en l
’aidant.Ons’installait
sur la plage sur des nattes ou des draps de plage et les enfants
jouaient dans l
’eau.Onmangeait sur des tables et chaises
d’appoint.Cette journée était placée sous le signe de la famille
et de la convivialité.C’est vers 18 ans que j’ai campé pour la
1
ère
fois.Mais je n’ai pas du tout aimé.C’était très inconfortable !
Yvelle, 43 ans
La recette !
Le dombré crabe
d’Yvelle
Une douzaine de crabes de terre
Pour la marinade :
citron, ail, sel, poivre, piment
Pour l'assaisonnement :
cives, persil, tyhm, oignons, petit salé
Des dombrés
Il faut acheter une grappe de crabes de terre
vivants. Durant 1 semaine, on les nourrit uni-
quement d’aliments sains : piment, fruits,
canne, eau… Puis on les pique au couteau
entre les yeux et la bouche et on sépare le
corps en 2. On nettoie le crabe en brossant la
carapace et on l’assaisonne avec du citron,
de l’ail, du sel, du poivre et du piment. Pen-
dant 20 min dans un faitout avec de l’huile,
on fait revenir des cives, persil, thym, oignons
et des petits salés (lardons, queue de cochon
ou viande de bœuf). Enfin, on ajoute les
dombrés. On recouvre d’eau pour faire bouil-
lir et on laisse épaissir àfeu doux. Un délice !
© IstoCkPHoto, Dr
“À l’époque,
on ne campait pas”
Mes plus anciens souve-
nirs datent de l’âge de
4-5
ans.Mafamille mater-
nelle rassemblait la famille au sens large et ça faisait
du monde ! Il y avait jusqu’à50 et 60 personnes.Pour
Pâques, nous partions tôt le matin en chars àbœufs,
depuis la campagne de Morne-à-l’Eau vers la Baie
du Moule.Celle-ci n’était pas encore aménagée mais
bordée de raisiniers et de cocotiers.Les colombo et
calalou de crabes étaient au
rendez-vous.LaPointe à
Rez était une région alors infestée de crabes de terre
qui se cachaient dans les champs de canne et que
nous attrapions àl’aide de boîtes àcrabe (réalisées
avec les boîtes en bois contenant de la morue salée)
ou de pièges confectionnés avec un morceau de
canne retenant une boulette de terre ou un objet rond.
La nuit tombante, le crabe
était attiré par la canne et la
boulette venait obstruer son
trou, l’empêchant d’y retour-
ner.C’est àce moment que
nous pouvions l’attraper.
Sur la plage, on s’asseyait
sur le sable sur des sacs de jute ou des draps cousus
àpartir des sacs de farine de froment que nos
mères gardaient précieusement.J’ai des souvenirs
formidables de cette époque car c’était l’une des
seules journées, avec les cérémonies de mariages, où
nous étions tous réunis.Nous collections les burgots
collés aux rochers tandis que les hommes buvaient
beaucoup et cela dégénérait parfois en bagarres.
Jean, 70 ans
“Sacs de jute
en guise de draps
de plage”