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anform !
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novembre - décembre 2015
Gare au tampon
Choc toxique :
faut-il en avoir
peur ?
Un mannequin
américain a été
amputé d’une
jambe suite à
une infection
déclenchée
par... un tampon
hygiénique. Un cas
rarissime mais qui
incite à rappeler
quelques règles
d'hygiène.
Par anne DeBrOiSe
T
out a commencé par un
léger malaise, en 2012.
Lauren Wasser, un man-
nequin de 24 ans, a ses
règles. Comme d'habitude, elle utilise
un tampon. Elle le changera 2 fois
dans la journée. Mais le malaise
s'accentue et, ce soir-là, elle s'écroule
sur son lit. Après de longues heures
de sommeil lourd, elle est transportée
à l'hôpital entre la vie et la mort. Sa
température monte à 41 °C. Au bout
de plusieurs jours de soins intensifs,
sa jambe gangrenée est amputée. Elle
a été victime d'un syndrome de choc
toxique staphylococcique, une infec-
tion aiguë et rare.
STAPHYLOCOQUE DORÉ
Lauren Wasser a mis 3 ans à se rele-
ver de cette terrible histoire, accepter
sa prothèse, reprendre le chemin des
défilés... et parler de son expérience.
L’été dernier, son histoire a été relayée
par les médias du monde entier.
Le mannequin et sa mère ont porté
plainte contre le fabricant, même si les
produits de la marque mise en cause
ne semblent guère différer de ceux des
autres marques. Fin août 2015, une
étudiante française, Mélanie Doerflin-
ger, lançait sur le site
change.orgune
pétition réclamant des fabricants de
tampons qu'ils publient la composition
de leurs produits. La composition des
tampons hygiéniques (essentiellement
du coton et de la viscose)offre en effet
des conditions idéales pour la prolifé-
ration d'une bactérie, le staphylocoque
doré
(Staphylococcus aureus)
. C’est
un habitué de la flore bactérienne
humaine. Il s'installe fréquemment
au niveau du nez, de l'arrière-gorge,
des zones génitales. On estime que
10 à 40 % des individus abritent cette
bactérie en permanence, et 60 % de
temps en temps. Une cohabitation qui
se passe en général sans problèmes,
causant parfois simplement de légères
infections de la gorge ou de la peau.
“Certaines souches de cette bactérie
peuvent produire, dans des condi-
tions qu'on ne connaît pas bien, une
toxine capable d'empoisonner le sang
et les tissus lorsqu'elle est produite en
grande quantité”
, explique Frédéric
ma
santé
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