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anform !

janvier - février 2015

ma

santé

femmes. Lors de laconception d'un

médicament, les essais cliniques

sont majoritairement réalisés sur

des cellules masculines et sur des

animaux mâles. Pourquoi ?

“Il y a

une tendance à considérer que les

cellules féminines ont un comporte-

ment plus variable, sous l'effet des

hormones. Et on postule souvent que

les résultats obtenus sur des cellules

masculines peuvent être extrapolés

aux cellules féminines”,

poursuit Ja-

nine Clayton. Or, ces postulats sont

faux. Dans les dernières phases de

développement des médicaments,

au moment de les tester sur les

humains, l'inégalité continue. Les

hommes sont beaucoup plus sou-

vent enrôlésdans les essais cliniques

que les femmes. Pour des raisons

cohérentes, cette fois-ci. Eneffet, les

cliniciens craignent que lavolontaire

soit enceinte (sans le savoir) et que

l'essai affecte l'embryon. Par ailleurs,

la plupart des femmes suivent un

traitement contraceptif, qui peut inte-

ragir avec le médicament ou fausser

les résultats. Le résultat, c'est que les

doses de médicaments sont adap-

tées aux hommes. Or, les femmes

se montrent souvent plus sensibles à

leurs effets. Souvent surdosées, elles

développent plus d'effets secon-

daires. Àl'universitéd'Erlangen(Alle-

magne), un groupe de médecins a

fait le compte. Enobservant l'impact

de plusde 25000 traitements, ils ont

calculé que les femmes avaient un

risque de ressentir des effets secon-

daires 50 % supérieur à celui des

hommes...

NOUVELLES EXIGENCES

Le cas des vaccins est révélateur. Le

système immunitaire fémininproduit

plus d'anticorps pour une même

dose de vaccin, si bien qu'elles se-

raient immunisées avec lamoitiéde

ladose nécessaire pour un homme.

Qu'il s'agisse d'un vaccin contre la

grippe oularougeole, elles souffrent

plus souvent d'effets secondaires, in-

flammations, fièvres, fatigue... Même

constat du côté des psychotropes.

Leur organisme les élimine plus

lentement. En 2013, l'Agence amé-

ricaine du médicament alertait les

femmes sur leur usage du zolpidem

(Stilnox). 8 h après le traitement, la

molécule circule encore dans leur

sang, et affecte donc leur vigilance.

Heureusement, les chercheurs et les

médecins ont commencé àprendre

conscience de cette inégalité. De

plus en plus de revues scientifiques

dans lesquelles sont publiés les

résultats des essais cliniques exigent

qu'ils prennent en compte le sexe

de leurs cobayes, qu'il s'agisse de

cellules, d'animaux oud'humains. À

l'heure où l'on parle de développer

des médicaments personnalisés, il

est temps de prendre encompte une

desdiversités lesplus fondamentales

de l'espèce humaine : le sexe.

•••

© FUse

“Les hommes sont beaucoup

plus souvent enrôlés dans les

essais cliniques que les femmes.”