

septembre - octobre 2016
•
anform !
21
C’
est seulement au
XX
e
siècle que le bota-
niste allemand Erwin
Bünning a observé
que les plantes mesuraient le temps,
qu’elles avaient une horloge biolo-
gique interne (jour/nuit, saisons) et
que ce rythme était commandé par
la génétique. L’application à l’homme
est arrivée plus tard, avec les travaux
de neuro-anatomie et de neurophysio-
logie qui ont amélioré la compréhen-
sion du système nerveux. Notamment
la découverte de l’hypothalamus et de
l’épiphyse. Puis, il n’y eut qu’un pas
pour imiter ce que faisait le corps, en
donnant à des heures précises,la subs-
tance régulatrice qui est défaillante.
efficace le jour,
pas la nuit
Il faut également prendre en compte
qu’un médicament n’agira pas de la
même façon chez un enfant, un vieil-
lard,une femme enceinte ou un sportif.
Mais,plus étonnant encore,une même
substance prescrite au même indi-
vidu n’aura pas le même effet selon
l’heure ! Des expériences ont été faites
chez les rats ayant une tumeur du
foie. Ceux qui ont reçu de la cispla-
tine (un traitement anti-cancéreux)à
19 h ont survécu à 100 %, avec une
diminution significative de leur tu-
meur. Ceux à qui on a injecté le pro-
duit le matin à 8 h sont tous morts et
50 % de ceux qui ont reçu la même
dose à 3 h du matin ont survécu.
Chez l’homme,la transposition n’est
pas aussi flagrante mais l’on a pu
remarquer des accidents hémorra-
giques quand les doses d’héparine,
pour traiter la phlébite, étaient trop
importantes en fin de journée. En ef-
fet, l’action anticoagulante est plus
efficace dans la journée et moins la
nuit où il y a aggravation des effets
secondaires. Depuis, des pompes
à héparine sont programmées en
fonction de ces critères. Sans vou-
loir transformer les usages, on peut
reconnaître qu’une amélioration du
confort du malade, en suivant ces
notions de chronopharmacologie,
est un outil précieux.
Pour plus d’informations :
Les rythmes du
corps,
du Dr Marc Schwob, éd.Odile Jacob ;
Chronobiologie médicale,chronothérapeutique,
du Dr Alain Reinberg, éd.Flammarion.
“Imiter ce que
fait le corps
en donnant
à des heures précises
la substance régulatrice
qui est défaillante.”