

mars - avril 2016
•
anform !
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nos
enfants
je faire de ma vie ? Quel adulte vais-je
devenir ? La colère de l'adolescent
est souvent légitime. Il recherche la
confrontation pour revendiquer sa per-
sonnalité. Le plus souvent la rébellion
est sociale ou sociétale : confrontation
avec des professeurs, des amis (inclu-
sion/exclusion de différents groupes,
rejet du système, choix vestimentaire).
Il quitte l'innocence de l'enfance pour
accéder à une nouvelle réalité, pas
si simple pour lui, comme le fait de
devoir faire des choix d'orientation sco-
laire ou professionnelle. La colère est
souvent hétéro-agressive visant les pa-
rents car l'adolescent a besoin de s'af-
firmer au sein de la cellule familiale. Il
existe un bénéfice secondaire àcette
colère, qui rassurera sans doute les
parents inquiets, c'est
“le processus
naturel d'autonomisation”
. N'oublions
pas que l'adolescent est un être en
devenir, un adulte en préparation. De
ce fait, la colère l'aide et le pousse à
se couper de la sphère affective rassu-
rante du cocon familial, lui permettant
de s'affirmer en tant qu'individu.
COMMENT L'AIDER
À EXPRIMER SA COLÈRE ?
En lui offrant un espace de parole. Pri-
vilégiez des moments de discussions
afin qu'il puisse mettre des mots sur
ses maux. L'adolescent apprendra à
discuter avec les adultes, àcommuni-
quer, àdébattre de sujets divers. C'est
àtravers la résolution des conflits fami-
liaux qu'il s’entraîne à résoudre des
futurs conflits relationnels. S'il est en-
tendu, il n'aura plus besoin de hurler,
de se défendre ou de se confronter.
Écoutez ce qu'il a àdire, faites valoir
sa parole, essayez de ne pas l'infan-
tiliser, même s'il aura toujours besoin
de la guidance parentale. L'adolescent
doit apprendre le sens des responsa-
bilités, avec un réel besoin d'autono-
mie. Le mieux à faire pour aider un
adolescent àexprimer sa colère c'est
de l'entendre et de la comprendre.
Non pas comme quelque chose de
négatif mais plutôt comme une étape
faisant partie de l'apprentissage de
la vie ! Autrement dit, un adolescent
qui verbalise est un adolescent qui
va bien. Celui qui ne peut pas dire, à
qui on réprime la parole, reportera la
résolution de ses conflits intérieurs, par
l'expression de comportements ina-
daptés (violence, vols, fugues…) ou
bien refoulera sa colère. Elle ressurgira
très certainement àl'âge adulte par le
biais d'autres crises identitaires.
“Tout
ce qu'on refoule finit par refaire surface
avec débordement”
, disait Claudia
Rainville, psychothérapeute.
Il y a des limites !
On ne peut pas tout
permettre ni tout accep-
ter ! Le respect envers les
parents est primordial.
L'adolescent a besoin d'un
encadrement parental et il
doit accepter la réalité des
limites qui lui sont impo-
sées. Il faut donc jongler
entre liberté et autorité.
Quand il franchit la ligne,
n'ayez pas peur de la
confrontation. Expliquez-
lui que vous êtes le garant
de son éducation et de sa
sécurité. Si la colère peut
être positive, elle peut
aussi être pathologique. Il
peut exister des troubles
graves du comportement,
violences hétéro ou auto-
agressives, troubles de la
personnalité. N'hésitez
pas à demander l'avis
d'un spécialiste en cas de
doute.