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L’avis du spécialiste

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anform !

mars - avril 2016

•••

d’être laissés de côté avec notre “pe-

tite” épidémie. Pourtant, nous avons

pu expliquer l’origine de ce virus et

analyser son mécanisme. Ces infor-

mations sont transmises au monde

entier aujourd’hui. Mais à l’époque,

personne ne s’en préoccupait malgré

nos demandes de moyens. En parti-

culier lorsque nous avons observé et

alerté sur la recrudescence anormale

des cas de Guillain-Barré. Ce virus

est devenu un problème de santé

publique, alors que tout le monde

sait que ce type d’épidémie par les

moustiques ne reste jamais concen-

tré en un seul lieu !

Quelles sont les questions

qui restent en suspens ?

Il y en a beaucoup. Par exemple, est-

ce qu’il y a d’autres facteurs combi-

nés provoquant ces complications ?

Nous avons observé que la personne

type, victime du syndrome de Guil-

lain-Barré en Polynésie française était

une personne de 40 ans, avec du

sang polynésien. Yaurait-il donc des

facteurs génétiques ? Àl’époque, la

dengue de type 2 et de type 3 étaient

présentes sur le territoire.Ces compli-

cations seraient-elles dues àun croi-

sement ? Des questions demeurent.

Quelles leçons devons-nous tirer

de l'expérience polynésienne ?

On parle beaucoup des complica-

tions du fœtus. C’est très bien, mais

je rappelle que nous, en Polynésie, ce

sont les complications neurologiques

qui ont été bien plus inquiétantes,

dont le syndrome de Guillain-Barré. Il

faut être extrêmement vigilant. D’une

manière générale, il faut s’attendre

à une épidémie importante. Pour y

échapper, la protection, individuelle

et permanente, reste la plus efficace.

question d'actu

Guillain-Barré : un syndrome de nature auto-immune

Le syndrome de Guillain-Barré est une affection rare durant laquelle le

système immunitaire attaque une partie du système nerveux. Il se caractérise

par une faiblesse, voire une paralysie progressive, débutant le plus souvent

par les jambes. Des complications graves surviennent en cas d’atteinte des

muscles respiratoires. L’hospitalisation est alors nécessaire. La plupart des

personnes atteintes du syndrome de Guillain-Barré se rétablissent pleinement

(6 à 12 mois), même dans les cas les plus graves. Ces derniers restent rares

mais peuvent entraîner une paralysie quasi-complète. Le suivi du syndrome

de Guillain-Barré est assuré dans les services hospitaliers de neurologie. Des

effets, comme la faiblesse, peuvent persister chez certains.

Dr André Cabié,

responsable du

service de maladies

infectieuses et

tropicales, à l’hôpital

Pierre Zobda-Quitman

à Fort-de-France.

“Le mécanisme du zika

a été très bien décrit par

les experts polynésiens.

Le type de moustique, le

cycle de vie, la distance

maximale parcourue par

le moustique, le type

de gîtes larvaires, etc.

Leur travail a inspiré

les recommandations

actuelles aux Antilles-

Guyane.”