

mai - juin 2015
•
anform !
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nos
enfants
exemple indispensable de noter ce
que fait et dit l’enfant au moment
de la réalisation du dessin. Par où
commence-t-il ? Quel personnage
représente-t-il en premier ? Le pre-
mier personnage dessiné est souvent
celui auquel l’enfant s’identifie. Uti-
lise-t-il souvent sa gomme ? L’emploi
répété de la gomme peut être un signe
d’anxiété, d’un désir exacerbé de per-
fection, ou d’une insatisfaction de soi.
L’enfant se dépêche-t-il de dessiner
pour se débarrasser au plus vite du
dessin ? De même, l'enfant qui refuse
de dessiner manifeste une opposition
mais aussi une difficulté d'adaptation
à la tâche demandée… Ensuite, le
psychologue examine le dessin dans
ses moindres détails.
“Pour cela, il
se réfère à des grilles de cotation très
complexes, validées scientifiquement.
Il analyse les formes, la taille des per-
sonnages, la proportion des membres
du corps, les organes (un organe a-t-il
été oublié ?), la présence d’animaux,
la cohésion du groupe (un des person-
nages est-il isolé ?), les vêtements, les
couleurs…”
Le personnage dessiné
avec le plus de détails est souvent ce-
lui qui est le plus valorisé par l’enfant.
La taille des personnages traduit sa
complicité avec tel ou tel membre de
la famille. Si l’enfant est en conflit avec
un parent, il peut omettre de le repré-
senter dans son dessin. Àla naissance
d’un petit-frère, ou d’une petite-sœur,
il peut ajouter un chien ou tout autre
animal qui symbolisera la projection
des pulsions agressives qu’il peut
ressentir face à ce nouveau venu. Un
personnage oublié peut être le signe
de l’existence d’un conflit avec ce
dernier. Des traits appuyés, le signe de
tensions nerveuses… Aussi, les mots
qu’il mettra sur ses productions sont
importants. Il faut lui demander d’ex-
pliquer le dessin, de présenter les per-
sonnages, de décrire ce qu’ils sont en
train de faire.
“Ce qui vous semblera
être un gribouillis a du sens pour lui.”
INTERPRÉTATIONS
ABUSIVES
“Il est préférable que les dessins soient
interprétés par des professionnels pour
éviter les interprétations abusives. Un
élément peut avoir plusieurs signifi-
cations. Par exemple, le rouge peut
être identifié comme de l’agressivité
mais aussi comme du dynamisme. Il
faut prendre en compte de nombreux
éléments avant de rendre des conclu-
sions. Les parents ont aussi tendance
à faire leurs propres projections, à ins-
trumentaliser le dessin (notamment
en cas de divorce ou de séparation).
Néanmoins, le dessin est un bon
moyen de communication, c’est une
bonne porte d’entrée. Si un enfant est
énervé, par exemple, demandez-lui
de dessiner ce qu’il ressent”
, conclut
Katia Jean-Marie.
À chaque âge son dessin !
Faire des gribouillages à 2 ans est tout à fait normal.
À 5 ou 6 ans, ça l’est moins. Il est donc important de
définir les différents stades d'évolution de l’enfant.
1-3 ans
Gribouillages (auxquels l’enfant ajoute
progressivement des formes isolées).
3-5 ans
Dessins avec intention de représenter
quelque chose (sans que l’adulte ne par-
vienne toujours à reconnaître l’objet). C’est
le stade du dessin du bonhomme têtard (un
cercle avec des bras et des jambes).
4-5 ans
Le dessin raconte une histoire. L’ordre
d’apparition des éléments tient compte de
l’affectif.
5-12 ans
L’enfant dessine ce qu’il connaît de l’objet
et non ce qu’il voit. Multiplicité des détails.
12 ans
Production graphique proche de la réalité.
L’enfant tient compte de la perspective.