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janvier - février 2017

anform !

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des épices n’est pas que de donner

du goût. Elles soignent également.

Votre cuisine en contient beau-

coup, et de très bonnes, en premier

lieu le curcuma. C’est un trésor.

Vous vivez en France depuis

les années 1980, pour déve-

lopper l’ayurvéda. c’était dur à

l’époque ?

Il y avait une sorte de méfiance.

Et être végétarien, par exemple,

n’était pas courant. On pensait que

c’était une religion, pas une philo-

sophie ni une médecine. C’est plus

facile aujourd’hui. Je me soigne

avec l’ayurvéda et ma femme est

médecin allopathe. Vous voyez

donc que tout est possible (rires) !

Je crois qu’une médecine intégra-

tive est enfin en marche.

* Créé il y a 2 ans, le ministère Ayush (A

comme ayurvéda, Y comme yoga) pilote de

nombreux programmes de recherche et de

formation en collaboration internationale.

Une belle revanche lorsqu’on pense que

l’ayurvéda fut interdit pendant la colonisation

anglaise…

La science des 5 énergies

l’ayurvéda, science de la vie selon son étymologie, se fonde

sur la théorie des 5 énergies : l’éther, l’air, le feu, l’eau et la

terre. ce sont des concepts, plus que des matières. ces

5 éléments régissent l’univers, du macrocosme au micro-

cosme. l’ayurvéda les associe deux par deux pour définir

les 3 doshas (

vata, pita

et

kapha

). Nous possédons tous une

combinaison unique de ces

doshas

, qui définit notre

prakriti

,

notre constitution propre et définitive, dès la naissance.

Toutefois, avec l’environnement (climat, mode de vie…) et les variations intérieures (âge, alimentation,

émotions…), le rapport des doshas se modifie. c’est la

vikruti

, la nature du moment ! l’ayurvéda a pour but

de rétablir l’équilibre, car un déséquilibre important et prolongé provoque la maladie. on agit directement

quand on le peut (alimentation, mode de vie…) ou indirectement, en s’adaptant mieux à ce qu’on ne peut

pas changer (climat, entourage…).

de plus en plus d’occidentaux

se rendent au pays de gandhi

pour faire une cure bien-être

à base de yoga, de médecine

ayurvédique…et de dépayse-

ment. les centres ayurvédiques

sont très nombreux dans le

pays, surtout dans l’état du

Kerala, au sud. Beaucoup sont

privés mais certains ont le statut

officiel de cliniques ou d’hôpi-

taux. Pendant la cure, qui doit

durer au minimum 2 semaines,

on se met à l’écart du monde

et de ses habitudes. Plus de

téléphone, d’ordinateur, de

toxiques (cigarettes, alcool,

café). le règlement est plus

ou moins rigoureux selon les

centres. mais globalement,

le but est de développer la

connaissance et la conscience

de soi, pour améliorer ce qui

peut l’être dans les habitudes

de vie. après une longue

consultation et un examen cli-

nique, le

vaidya

, médecin ayur-

védique, établit pour chacun

une feuille de route, évaluée et

actualisée jour après jour. Elle

précise le type et la quantité

de l’alimentation, les soins et

massages ayurvédiques. la

purge de départ, à base de

ghee, qui dure plusieurs jours,

nettoie le corps et prépare

l’esprit à la cure. Quant au

fameux

panchakarma

, c’est une

cure saisonnière qui comprend :

vomification, purge,

virechama

(lavements aux plantes et à

l’huile) et nasya, traitement

par le nez. la cure est faite de

routines précises : horaires de

sommeil, de repas, de yoga et

de soins. Et peu de distractions.

on cultive la conscience ! le

curiste observe ses propres

réactions physiques et mentales

au fil des jours. une fois rentré

chez lui, il adaptera ce qui peut

l’être à sa vie quotidienne.

“On

change ce qu’on peut changer.

On s’adapte au reste”

, dit la

sagesse indienne. c’est souvent

l’occasion d’un “nouveau

départ” alimentaire, car l’ayur-

véda repose en grande partie

sur ce qu’on mange, qualité et

quantité, et plus globalement

tout ce qui nourrit nos 5 sens,

l’air qu’on respire…c’est en

cela une pratique permanente

de la pleine conscience.

Faites une cure ayurvédique !