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septembre - octobre 2016

anform !

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rencontre de ces différents facteurs :

l’esprit, le corps et l’environnement

qui fait que la Guadeloupe est une

terre de champions.

Le mental est-il une qualité

essentielle ?

Le mental, c’est le plus important.

La gagne du sportif de haut niveau

est la même que celle du chef

d’entreprise ou du journaliste qui

va jusqu’au bout de son enquête.

Il y a les mêmes fondamentaux : la

persévérance, l’abnégation dans la

difficulté, la compétence et l’amour

de ce qu’ils font. Ce sont des

choses fondamentales. Il

s’agit d’un schéma

mental de gagneur

adaptable à toute

situation.De

part

leur histoire, les

Guadeloupéens

ont développé

un esprit d’initia-

tive, de débrouil-

lardise, un sentiment

de fierté, un esprit de

gagneur.

Vous faites partie de l’équipe mé-

dicale du Creps des Antilles et de

la Guyane, en quoi consiste votre

travail ?

Mon travail a longtemps été de

mettre à jour le suivi des sportifs du

Creps par rapport au suivi recom-

mandé par la législation.Nous avons

été longtemps en décalage par rap-

port à ce qui était préconisé par les

fédérations au niveau national. Les

sportifs qui partaient poursuivre leur

formation en Métropole ne remplis-

saient pas toujours le cahier des

charges en termes de suivi. Depuis

2002-2003, nous avons donc déve-

loppé un suivi médical de qualité

pour que le sportif antillo-guyanais

ait les mêmes chances de se soi-

gner et le moins de risque possible

de se blesser.

Avez-vous un souvenir particulier

à partager ?

Je me souviens d’un jeune qui s’ap-

pelait Steven. Il a été rattrapé par

un grand entraîneur guadeloupéen

alors qu’il vivait dans des conditions

très difficiles à Paris. Ce jeune avait

16 ans. Il était presque SDF.

Il a été ramené ici. On

s’en est occupé.

On l’a aidé à

s’entraîner, à

se

remettre

dans un cir-

cuit sportif et

scolaire.

On

lui a donné la

capacité de s’ex-

primer… et il est

devenu champion d’Eu-

rope de triple saut en l’espace

d’un an et demi ! C’était un jeune

qui n’avait jamais fait d’athlétisme

et qui n’était pas un grand sportif.

C’est ça le sportif guadeloupéen, un

sportif capable, grâce à sa volonté,

de réaliser des performances excep-

tionnelles alors même qu’il n’est

pas passé par toutes les phases

d’apprentissage nécessaires. Cela

peut cependant poser problème.

Il est possible que ces sportifs ne

soient que des feux de paille et

qu’ils ne soient pas capables de

supporter la charge d’entraînement

sur de nombreuses années.

L’AVIS DE...

Patrick Freville,

directeur-adjoint

du Creps des Antilles

et de la Guyane

“Les sportifs guadelou-

péens ont des qualités

physiques exception-

nelles, au-dessus de la

moyenne nationale. C’est

indéniable. Au même

âge, ils sont plus grands,

plus costauds. C’est ce

qui fait la différence :

une maturité sur le plan

physique. Quand j’étais

entraîneur au pôle haut

niveau, je n’avais pas

besoin de pousser les

jeunes. Ici, ils sont très

volontaires. Il faut même

parfois les freiner, ils se

mettent assez facile-

ment en compétition.

C’est un caractère que

je ne connaissais pas en

Métropole. Ici, ils aiment

ça.”

C’est quoi un sportif

de haut niveau ?

C’est un sportif sélectionné

dans une équipe de France

pour préparer les compétitions

internationales de référence

(Jo, championnat du monde

et d'Europe). il doit

être âgé de 12 ans

au moins.

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