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© Hemera ; Martin Poole - STOCKBYTE

mars - avril 2011

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anform !

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Où les trouve-t-on ?

n

Dans l’alimentation.

Plus de quatre-vingt-dix produits du secteur

agro-alimentaire pourraient contenir des nanoparticules, notamment les

compléments alimentaires, produits vitaminés, additifs, mais aussi les

emballages.

n

Dans les textiles.

Certains vêtements de sport neutralisent les odeurs

de transpiration. D’autres encore ont des propriétés amincissantes…

n

Dans les cosmétiques.

Crèmes antirides, dentifrices, mais aussi

crèmes solaires où les nanoparticules jouent le rôle d’anti-UV.

n

Dans les médicaments.

Des nano-médicaments permettent au prin-

cipe actif réalisé sous forme de nanoparticule d’atteindre directement la

cellule malade. Mais on n’a encore aucun recul sur les effets réels.

n

Dans les matériaux.

Les nanoparticules permettent d’obtenir des

matériaux plus performants, plus robustes et plus légers.

n

Dans l’électronique.

Elles réduisent notablement la taille des différents

composants des ordinateurs portables et l’énergie consommée. Idem pour

les téléphones et tous objets électroniques.

Commercialisés

depuis 2000

La première utilisation industrielle de

nanoparticules remonte sans doute au

début du XX

ème

siècle avec la production

de noir de carbone. Dans les années

1980, on a pu, grâce au microscope

électronique, détecter ces particules. En

2000, on a commencé à commercialiser

des nanomatériaux. C’est en 2007 que

le développement de ces nanoparticules

est devenu exponentiel, en informatique

(51 %), dans la micro-électronique, dans

les pneumatiques, l’aéronautique (32 %),

mais aussi dans les produits cosmétiques

et pharmaceutiques (17 %).

Est-ce dangereux

pour l’homme ?

Il faut être juste : on n’en sait rien ou du

moins pas grand-chose ! En 2008, l’Agence

française de sécurité sanitaire du travail

(AFSSET) estimait qu’il

“n’est pas possible

d’exclure l’existence d’effets néfastes pour

l’homme et l’environnement”.

Le danger

majeur, et encore inconnu, semble venir

du fait que les nanoparticules entrent en

interaction avec nos cellules dont elles ont

la taille. On sait ainsi que les nanoparti-

cules peuvent pénétrer dans notre appareil

respiratoire et y causer de gros dégâts.

“Les particules de moins de 2,5 microns, et

surtout celles de moins de 1 micron ne sont

pas filtrées au niveau du nez et descendent

dans les poumons, là où les échanges se font.

Elles provoquent des maladies respiratoires

comme des fibroses et des emphysèmes pul-

monaires qui bloquent progressivement le

poumon et génèrent des problèmes cardio-

vasculaires”.

Que deviennent les nanopar-

ticules dans notre organisme ? Par le sang,

les particules peuvent rejoindre le foie, le

cœur, les reins, le cerveau. Il semblerait

que le passage par voie cutanée puisse aussi

se faire par le biais d’une lésion sur la peau,

pas plus grave qu’un coup de soleil.

“A cette

taille, les particules peuvent entrer dans les

cellules sanguines et le flux sanguin, ex-

plique le professeur Molinié. Est-ce que nos

filtres, rein, foie, sont faits pour filtrer ces

particules ? Il n’y a d’expérimentation que

sur les rats…Nous le saurons à l’usage. C’est

comme si nous étions tous des cobayes !”

Est-ce dangereux

pour l’environnement ?

“Si la pollution a lieu à l’extérieur, les risques

sont minimes, car la nature capture les na-

noparticules dans d’autres cellules,

explique

Jack Molinié,

mais dans les atmosphères

confinées, les filtres pour nanoparticules

n’existent pas. Et l’accident peut être grave”

.

On ne connaît pas non plus les consé-

quences d’une dissémination de nanopar-

ticules dans l’air ou dans l’eau. On peut

toujours craindre une altération de l’ADN

sur le long terme qui pourrait avoir un

impact sur la biodiversité.

“On est adapté à

un environnement donné qu’on est en train

de modifier au niveau de sa composition à

l’échelle de la centaine d’atomes,

précise le

professeur Molinié.

Nous sommes actuelle-

ment dans un espace sans législation, faute

d’expérimentations sur le long terme. Les

industriels sont en avance sur la loi, qui ne

dispose pas d’assez d’éléments pour exister.

Il faut être vigilant, dès lors que la matière

arrive à des tailles où on touche la cellule

directement avec des particules de même

dimension qu’on a produites. C’est un peu

comme jouer aux apprentis sorciers…