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mars - avril 2017

anform !

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conseillers Jafa vous rendent visite à

domicile, assurent un suivi en agro-

nomie et en nutrition et proposent

des ateliers thématiques. Ils peuvent

notamment vous conseiller sur des

cultures adaptées au niveau de

contamination de votre sol.

Comment la chlordécone

se retrouve-t-elle dans les

végétaux et les animaux ?

La chlordécone est une molécule

très persistante dans les sols. La

contamination des végétaux se fait

donc essentiellement par le sol, soit

par contact direct (c’est le cas des

racines et tubercules), soit par diffu-

sion passive avec l’eau (concerne

en particulier les cucurbitacées). La

peau des racines et tubercules est

souvent beaucoup plus contaminée

que la pulpe, autrement dit la par-

tie comestible. Chez les animaux, il

existe différentes sources de conta-

mination : ingestion de terre conta-

minée, consommation de végétaux

contaminés ou souillés par la terre

(herbe, légumes racines ou leurs

épluchures récoltées sur une terre

polluée), abreuvement à des points

d’eau polluée.

Que puis-je cultiver

sur un sol qui contient

de la chlordécone ?

Un sol contaminé par la chlordécone

n’est pas condamné. Il reste quand

même cultivable. Et tous les végé-

taux n’ont pas la même sensibilité

à la chlordécone. Par exemple, tous

les fruits ou légumes aériens (avo-

cats, fruits à pain, bananes jaunes,

oranges, mandarines, ananas…)ne

seront jamais contaminés, quel que

soit son taux dans le sol. Cela laisse

encore un choix important à nos jar-

diniers amateurs !

Puis-je planter des légumes

sensibles à la chlordécone

si mon terrain est

contaminé ?

En cas de forte quantité de chlordé-

cone dans le sol, la culture de pro-

duits sensibles (igname, dachine,

patate douce, carotte, navet…),

déconseillée en l’état, peut être

maintenue avec une adaptation

des techniques culturales, en

recourant par exemple à des sols

reconstitués. Des tables de cultures

(ou des bacs), constituées de terre

non contaminée ou d’un substrat

composé d’un mélange de terreau,

de compost, de sable ou de fumier.

Idéales pour les salades, les cives,

le persil et le thym. Il y a aussi la

culture sur tas de compost : les

plants sont placés sur un tas de

compost en plein air, alimenté par

les déchets organiques de la cui-

sine et du jardin. Excellent pour les

courgettes, concombres et girau-

mons !

Sommes-nous toujours

autant exposés

à la chlordécone ?

L’échelle de temps est

telle qu’on ne peut pas

constater une diminution

de contamination des

sols. Car la chlordécone

s’élimine très lentement.

La menace est donc

toujours présente mais

elle est globalement

bien maîtrisée par des

mesures de prévention des

risques prises à partir des

années 2000. Ces mesures

concernent les eaux, les

cultures, la pisciculture,

la pêche et l’élevage. Les

actions de prévention sont

également contrôlées

par les services de l’État.

Donc même si les sols

restent au même niveau de

contamination, les mesures

de prévention diminuent

l’exposition. Il ne faut donc

pas relâcher la prévention

et jouer le jeu, surtout les

producteurs de denrées

alimentaires. Des enquêtes

sont faites régulièrement.

L’enquête Kannari nous

apportera de nouveaux

résultats en fin d’année. On

saura, par exemple, s’il y a

une diminution de l’exposi-

tion par rapport à 2007 ou

s’il existe des groupes de

population plus exposés

(pêcheurs, population des

zones contaminées…).

Éric Godard,

chargé de mission

chlordécone à l’ARS.

© IREPS MARTINIQUE