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anform !
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septembre - octobre 2016
est-ce dangereux
pour la nature ?
“Si la pollution a lieu à l’extérieur, les
risques sont minimes, car la nature cap-
ture les nanoparticules dans d’autres
cellules,
explique JackMolinié,
mais dans
les atmosphères confinées,les filtres pour
nanoparticules n’existent pas. Et l’acci-
dent peut être grave.”
On ne connaît pas
non plus les conséquences d’une dissé-
mination de nanoparticules dans l’air ou
dans l
’eau.Onpeut toujours craindre une
altération de l’ADNsur le long terme qui
pourrait avoir un impact sur la biodiver-
sité.
“On est adapté à un environnement
donné qu’on est en train de modifier au
niveau de sa composition à l’échelle de
la centaine d’atomes,
précise le profes-
seur Molinié.
Nous sommes actuellement
dans un espace sans législation, faute
d’expérimentations sur le long terme. Les
industriels sont en avance sur la loi, qui
ne dispose pas d’assez d’éléments pour
exister. Il faut être vigilant, dès lors que la
matière arrive à des tailles où on touche
la cellule directement avec des particules
de même dimension qu’on a produites.
C’est un peu comme jouer aux apprentis
sorciers…”
est-ce dangereux pour l’homme ?
Il faut être juste, on n’en sait rien ou du moins pas
grand-chose ! En 2008, l’Agence française de sécurité
sanitaire du travail (Afsset) estimait qu’il
“n’est pas
possible d’exclure l’existence d’effets néfastes pour
l’homme et l’environnement”
. Le danger majeur, et
encore inconnu, semble venir du fait que les nanopar-
ticules entrent en interaction avec nos cellules dont
elles ont la taille. On sait ainsi que les nanoparticules
peuvent pénétrer dans notre appareil respiratoire et y
causer de gros dégâts.
“Les particules de moins de
2,5 microns, et surtout celles de moins d'1 micron
ne sont pas filtrées au niveau du nez et descendent
dans les poumons, là où les échanges se font. Elles
provoquent des maladies respiratoires comme des
fibroses et des emphysèmes pulmonaires qui bloquent
progressivement le poumon et génèrent des problèmes
cardio-vasculaires.”
Que deviennent les nanoparticules
dans notre organisme ? Par le sang, les particules
peuvent rejoindre le foie, le cœur, les reins, le cerveau.
Il semblerait que le passage par voie cutanée puisse
aussi se faire par le biais d’une lésion sur la peau, pas
plus grave qu’un coup de soleil.
“àcette taille, les par-
ticules peuvent entrer dans les cellules sanguines et le
flux sanguin,
explique le professeur Molinié.
Est-ce que
nos filtres (rein, foie...) sont faits pour filtrer ces par-
ticules ? Il n’y a d’expérimentation que sur les rats…
Nous le saurons à l’usage. C’est comme si nous étions
tous des cobayes !”
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Dans l’alimentation.
Plus de 90 produits du secteur agro-
alimentaire pourraient contenir des nanoparticules, notam-
ment les compléments alimentaires, produits vitaminés, addi-
tifs, mais aussi les emballages.
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Dans les textiles.
Certains vêtements de sport neutralisent
les odeurs de transpiration. D’autres encore ont des propriétés
amincissantes…
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Dans les cosmétiques.
Crèmes antirides, dentifrices, mais
aussi crèmes solaires où les nanoparticules jouent le rôle
d’anti-UV.
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Dans les médicaments
. Des nano-médicaments permettent
au principe actif réalisé sous forme de nanoparticule d’at-
teindre directement la cellule malade. Mais on n’a encore
aucun recul sur les effets réels.
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Dans les matériaux.
Les nanoparticules permettent d’obtenir
des matériaux plus performants, plus robustes et plus légers.
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Dans l’électronique.
Elles réduisent notablement la taille des
différents composants des ordinateurs portables et l’énergie
consommée. Idem pour les téléphones et tous objets électro-
niques.
où les trouve-t-on ?