Previous Page  71 / 196 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 71 / 196 Next Page
Page Background

septembre - octobre 2016

anform !

71

A

utour du chirurgien

gynécologue obstétri-

cien Camille Tirolien

s'affairent un médecin

généraliste, une aide opératoire,

un anesthésiste et une infirmière

de bloc. Á cette époque, Camille

Tirolien est l'unique chirurgien de

l'établissement. Dans une même

journée, il passe de chambre en

chambre pour suivre ses patients

hospitalisés, puis intervient au bloc

pour ensuite rejoindre la clinique

du camp Jacob à Saint-Claude où il

officie comme chef de service. 10 h

minimum de présence avec parfois

plus d'une vingtaine d'interventions.

Le bloc opératoire (photo) est doté

de parois métalliques équipées de

laine de verre avec une climatisa-

tion centrale. Une installation ultra-

moderne pour l'époque.

endormis à l'éther

Pierre-Paul Tirolien, le fils, est alors

étudiant en médecine, à Toulouse.

Il reviendra en Guadeloupe en

1972, au décès de son père, pour

prendre la direction de la clinique.

“La première fois que j'ai pénétré

dans un bloc, je devais avoir 7 ans.

Je me souviens notamment que,

dans les années 1950, les bistouris

étaient encore affûtés à la pierre et

les anesthésies se pratiquaient à

caoutchouc, lorsque mon père exer-

çait, lesquels ressemblaient étran-

gement aux gants des ménagères. Il

fallait les stériliser avec un autoclave

à charbon. Je me souviens d'inter-

ventions en chirurgie orthopédique

où le médecin intervenait avec ses

chaussures de ville. D'ailleurs, si

cette illustration existe, c'est bien

que le photographe était dans le

bloc. Et pourtant, on ne parlait pas

d'infection nosocomiale dans les

établissements.”

Les gants, comme

l'ensemble du matériel, étaient pré-

cieux car il était difficile alors de s'en

procurer, au même titre que les mé-

dicaments, les plâtres ou encore les

instruments chirurgicaux. L'hôpital

consacrait alors une salle complète

au stockage de ces produits rares.

© Photodisc-Stockbyte.

l'aide d'un masque d'Ombredanne.

Il s'agissait d'une vessie de porc

branchée sur un masque avec à

l'intérieur un coton imbibé d'éther.

Il arrivait que le patient dorme pen-

dant 3 jours. Ensuite est apparu le

penthotal, plus connu sous le nom

de sérum de vérité. Son injection

permettait de mieux doser les effets,

mais rendait les patients endormis

extrêmement volubiles et ils se lan-

çaient, spontanément et à leur insu,

dans des confidences.”

chasse aux microbes

Si les procédés de base n'ont pas

fondamentalement changé, les

techniques ont beaucoup évo-

lué au cours de ces 50 dernières

années. Ainsi, en 1960, attenante

au bloc opératoire, une pièce était

exclusivement destinée au lavage

des mains. Il était de rigueur, pen-

dant 15min, de se passer les mains

et les bras à la brosse et au savon.

Une porte électrique permettait

l'accès au bloc sans avoir à toucher

aux poignées. En arrivant dans la

salle, il y avait une vasque pour se

laver une nouvelle fois les mains à

l'alcool avant d'enfiler les gants en

latex stériles. Les gants à usage

unique sont apparus seulement en

1990.

“J'ai connu,

confie Pierre-

Paul Tirolien,

l'époque des gants en