

septembre - octobre 2016
•
anform !
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A
utour du chirurgien
gynécologue obstétri-
cien Camille Tirolien
s'affairent un médecin
généraliste, une aide opératoire,
un anesthésiste et une infirmière
de bloc. Á cette époque, Camille
Tirolien est l'unique chirurgien de
l'établissement. Dans une même
journée, il passe de chambre en
chambre pour suivre ses patients
hospitalisés, puis intervient au bloc
pour ensuite rejoindre la clinique
du camp Jacob à Saint-Claude où il
officie comme chef de service. 10 h
minimum de présence avec parfois
plus d'une vingtaine d'interventions.
Le bloc opératoire (photo) est doté
de parois métalliques équipées de
laine de verre avec une climatisa-
tion centrale. Une installation ultra-
moderne pour l'époque.
endormis à l'éther
Pierre-Paul Tirolien, le fils, est alors
étudiant en médecine, à Toulouse.
Il reviendra en Guadeloupe en
1972, au décès de son père, pour
prendre la direction de la clinique.
“La première fois que j'ai pénétré
dans un bloc, je devais avoir 7 ans.
Je me souviens notamment que,
dans les années 1950, les bistouris
étaient encore affûtés à la pierre et
les anesthésies se pratiquaient à
caoutchouc, lorsque mon père exer-
çait, lesquels ressemblaient étran-
gement aux gants des ménagères. Il
fallait les stériliser avec un autoclave
à charbon. Je me souviens d'inter-
ventions en chirurgie orthopédique
où le médecin intervenait avec ses
chaussures de ville. D'ailleurs, si
cette illustration existe, c'est bien
que le photographe était dans le
bloc. Et pourtant, on ne parlait pas
d'infection nosocomiale dans les
établissements.”
Les gants, comme
l'ensemble du matériel, étaient pré-
cieux car il était difficile alors de s'en
procurer, au même titre que les mé-
dicaments, les plâtres ou encore les
instruments chirurgicaux. L'hôpital
consacrait alors une salle complète
au stockage de ces produits rares.
© Photodisc-Stockbyte.
l'aide d'un masque d'Ombredanne.
Il s'agissait d'une vessie de porc
branchée sur un masque avec à
l'intérieur un coton imbibé d'éther.
Il arrivait que le patient dorme pen-
dant 3 jours. Ensuite est apparu le
penthotal, plus connu sous le nom
de sérum de vérité. Son injection
permettait de mieux doser les effets,
mais rendait les patients endormis
extrêmement volubiles et ils se lan-
çaient, spontanément et à leur insu,
dans des confidences.”
chasse aux microbes
Si les procédés de base n'ont pas
fondamentalement changé, les
techniques ont beaucoup évo-
lué au cours de ces 50 dernières
années. Ainsi, en 1960, attenante
au bloc opératoire, une pièce était
exclusivement destinée au lavage
des mains. Il était de rigueur, pen-
dant 15min, de se passer les mains
et les bras à la brosse et au savon.
Une porte électrique permettait
l'accès au bloc sans avoir à toucher
aux poignées. En arrivant dans la
salle, il y avait une vasque pour se
laver une nouvelle fois les mains à
l'alcool avant d'enfiler les gants en
latex stériles. Les gants à usage
unique sont apparus seulement en
1990.
“J'ai connu,
confie Pierre-
Paul Tirolien,
l'époque des gants en