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anform !

septembre - octobre 2015

Quand on reçoit une première étoile, on se bat pour la gar-

der ou on continue comme si de rien n'était ?

Je ne vais pas bouder mon plaisir même s’il aura fallu attendre

10 ans avant d’avoir cette reconnaissance. J’en suis très fier aussi

pour mon équipe ! Mais je reste quelqu’un d’ambitieux qui aime

l’excellence et une deuxième étoile me paraît tout à fait envisa-

geable. Pour la troisième, c’est une autre histoire, mais pourquoi

pas ?

À 45 ans, quel est votre secret pour vous maintenir en forme ?

J’ai un rythme de 15 h par jour en moyenne. Je n’ai pas vraiment

le temps pour faire du sport. Mais quand on a une activité passion-

nante,

“le travail, c’est la santé !”

. De plus, je goûte beaucoup au

cours des préparations et comme on mange aussi avec les odeurs

et les couleurs, je mange assez peu.

Faut-il être provocateur pour servir du manioc, des dombrés

ou des gombos à la clientèle huppée de la Côte d’Azur ?

Les clients que je sers ont l’habitude de voyager et sont assez

curieux. C’est vrai qu’il fallait oser mais ma cuisine est surtout

universelle avec parfois des consonances asiatiques ou libanaises.

Si j’ai voulu servir ce type de produits, c’est surtout parce qu’en ren-

trant chez moi j’ai été frustré et triste de voir que les produits locaux

étaient si peu utilisés alors que l’agriculture de la Caraïbe regorge

de trésors méconnus.

ou peut-être chercher un peu de

quiétude ? C’est sûrement cette re-

cherche et cette inventivité qui per-

mettent àMarcel de servir un menu

en 7 ou 8 plats sans que l’on ait à

se soucier des calories. Très équi-

librée et structurée, sa cuisine se

déguste dans les moindres détails

comme les minuscules fleurs d’ails

qui parsèment son calalou truffé ou

encore son beignet de langoustine

réalisé avec de la farine de manioc

et, donc, sans gluten.

le goût de l'enfance

Pourtant, il est très généreux et aime

partager son talent en intervenant

régulièrement au lycée hôtelier

Bellefontaine en Martinique ou en

ouvrant les portes de ses cuisines

aux étudiants. Ce n’est pas Brice qui

dira le contraire. Ce stagiaire ravi de

son séjour avec le chef Ravin a voulu

lui faire un de ces petits pains tradi-

tionnels des Antilles (le fameux pain

pomme-cannelle au beurre). Résul-

tat, en quelques bouchées le chef

est transporté dans son enfance,

quand il mangeait son pain avec le

chocolat communion de sa grand-

mère. Depuis, et pour lui rendre

hommage, ce pain est réalisé et

servi chaque jour àcôté des ciabat-

tas, baguettes et pains aux graines.

Et surtout, il a été rebaptisé le Pain

de Brice ! Il est comme ça, Marcel,

il aime partager. “

Je ne serai rien

sans mon équipe qui me suit et me

soutient dans ma démarche. Et je

veux pouvoir contribuer à l’essor des

nouvelles générations en leur disant

que c’est possible avec du travail et

de la volonté.”

rencontre

Marcel Ravin en 3 questions

© MoNteCARLoSbM

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