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anform !
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novembre - décembre 2014
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question d'actu
© FOTOLIA
tant, elle soumet les femmes à
une dose de rayons X supérieure à
la mammographie 2D. Et, en tout
cas, supérieure à la dose admise
aujourd'hui en Europe pour des exa-
mens de dépistage (proposés à des
femmes, a priori, en bonne santé).
Or les rayons X peuvent provoquer
des cancers. Selon l'Institut natio-
nal du cancer (Inca), le risque de
cancer radio-induit se situerait entre
1 et 20 cas pour 100 000 femmes
participant régulièrement à un pro-
gramme de dépistage. Cet inconvé-
nient devrait cependant bientôt être
réduit, car les fabricants travaillent
constamment à l'abaissement des
doses d'irradiation.
SURDIAGNOSTIC
Le deuxième inconvénient, c'est le
coût. Un mammographe 3D coûte
plus cher (environ 350 000 euros
contre 200000 pour un 2D). Un sur-
coût qui sera sans doute répercuté
sur le tarif des mammographies.
Aujourd'hui, en France, seules les
mammographies 2D sont prises en
charge par la Sécurité sociale pour
le dépistage du cancer du sein.
Ce surcoût serait évidemment jus-
tifié si les cancers détectés en sus
correspondaient à autant de vies
sauvées. Or, ce n'est pas évident.
D'abord parce que toutes les études
qui montrent la supériorité du mam-
mographe 3D sur le 2D sont finan-
cées, au moins en partie, par la
société qui fabrique ces imageurs...
Elles ne sont donc pas totalement
objectives. Ensuite, rien ne dit que
détecter plus de cancers permet de
sauver des vies. En effet, une part
importante des cancers que l'on
dépiste ne seraient, en fait, pas dan-
gereux. Si on les avait ignorés, ils ne
se seraient pas développés, ou trop
lentement, pour affecter la santé de
la patiente. On parle dans ce cas
de “surdiagnostic”. Selon Catherine
Hill, épidémiologiste à l'Institut Gus-
tave-Roussyde Villejuif : “
On estime
que 1 à plus de 20 % des détections
de cancers seraient du surdiagnos-
tic.”
Or, un surdiagnostic n'est pas
anodin. Pour l'épidémiologiste, il
transforme
“une femme en bonne
santé en femme cancéreuse”
qui
va en subir tous les traitements. Une
situation très difficile à vivre morale-
ment et qui s'accompagne de traite-
ments lourds (chirurgie pour extraire
la tumeur, chimiothérapie agres-
sive, effets secondaires multiples,
etc.). Bref, il ya des cas oùfaire plus
n'est pas forcément faire mieux.
Bientôt disponible
chez nous ?
Certains hôpitaux
français et cabinets de
radiologie commencent
à s'équiper en 3D. Mais
pour l'instant, en France,
“la mammographie
3D reste un examen
plus irradiant. Elle n’est
préconisée que dans
certaines indications.
Et n’est donc pas
recommandée pour un
dépistage généralisé
des cancers du sein”
.
Les Antilles et la
Guyane ne sont pas
encore équipées. Car
“en plus d’être deux
fois plus irradiante, la
tomosynthèse est plus
chère. Et, faire venir ce
nouvel appareil dans
nos départements
coûterait 30 % de
plus”,
explique Arnaud
Duvey, radiologue en
Guadeloupe.
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