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anform !
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novembre - décembre 2015
Tentation
Incitons-nous
nos enfants
à boire ?
psycho
Le premier verre
d’alcool de
l’enfant est souvent
consommé au sein
de la famille. Une
absence de vigilance
et une banalisation
qui peuvent avoir
des répercussions très
sérieuses sur l’enfant.
Explications du
Dr Nathalie Dudoret,
médecin dans un
centre de soins,
d’accompagnement
et de prévention en
addictologie.
PAR PRISCILLA ROMAIN
En quoi les habitudes en matière
d’alcool sont-elles déterminantes
quant à l’orientation future de l’en-
fant ?
Les parents font figure d’exemple. Ils
sont les éducateurs des enfants. Les
effets des habitudes de consomma-
tion du cercle familial influencent la
perception de l’alcool par les enfants.
En réalité, le cercle familial, est sou-
vent responsable du premier verre
d’alcool consommé, pour les anniver-
saires par exemple. Nous avons fait
une campagne de prévention chez les
6e et quand nous avons demandé qui
n’avait jamais bu d’alcool, seule une
élève a levé la main. Ils ont tous l’ha-
bitude de consommer du panaché.
Beaucoup d’adultes pensent qu’il ne
contient pas d’alcool ou pas beau-
coup, que c’est une boisson “inoffen-
sive” et que “pas beaucoup”, c’est
autorisé. Mais les enfants, eux, savent
qu’il y en a. À côté de cela, il faut
prendre en compte la consommation
des parents. Certains vont consom-
mer, mais l’interdire aux enfants et
d’autres vont initier la consommation.
La plupart des parents ne le font-ils
pas inconsciemment ?
Si l’alcool est interdit aux mineurs
dans les débits de boisson, logique-
ment, il devrait être interdit au sein
des familles. C’est une question
d’éducation. Les adultes doivent
être conscients que la façon dont ils
boivent influence la consommation
future de leur enfant. Pour leur bap-
tême, certains parents aiment à faire
tremper les lèvres de leur enfant dans
le champagne. C’est comme leur
donner un joint de cannabis. C’est
une substance psychoactive. C’est
un geste irréfléchi, dont on ne mesure
pas la portée.
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