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juillet - août 2015

anform !

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Il ne veut pas

prêter ses jouets

J’ai besoin de vos conseils avisés

pour mon fils (8 ans). Je ne par-

viens pas à lui faire partager ses

jouets avec sa sœur (plus jeune).

J’ai essayé différents trucs, des

menaces, des punitions, des choco-

lats, des sourires, suppression des

jouets, etc. Rien n’y fait. Existe-t-il

une méthode qui marche ?

Bernadette, Martinique

Normalement, jusqu'à 4 ans

environ, il est difficile pour un

enfant de prêter spontanément

ses jouets. Ils sont en quelque

sorte, le prolongement de lui-

même. Il faut donc comprendre

et respecter cela en ne l'obligeant

surtout pas. Aujourd'hui, à 8 ans,

apparemment, votre fils n’y par-

vient toujours pas. Je pense que

ce petit garçon exprime quelque

chose d'important pour lui en

agissant ainsi. Si vous voulez qu'il

se débarrasse de ce comporte-

ment, il va falloir réellement écou-

ter ce qu'il a à vous dire mais qui

vous semble si difficile à entendre.

Avec nos enfants, passer en force

n'est jamais une bonne solution

à long terme. D'autant que leurs

comportements sont, la plupart du

temps, nos propres symptômes...

alors, chère Bernadette, écoutez

et respectez ce qu'il vous dit de

lui et vous verrez que tout rentrera

dans l'ordre.

Je suis seule. Mais seule comme je n’aurais pas pu l’imaginer. Femme

de militaire, mon mari part souvent pour 2 ou 3 mois. Revient quelques

semaines puis repart. Je le savais en l’épousant, mais je croyais qu’il serait

facile d’attendre l’homme qu’on aime. En fait, j’ai essayé de me créer des

activités (club de gymnastique, poterie, dessin). Je fais du sport. J’ai une

amie qui me soutient un peu. Mais tout cela ne suffit pas. J’en viens à par-

ler toute seule, j’ai peur de tourner folle. Des fois, je fais même à manger

pour deux. Cette solitude me convient 2 ou 3 jours, puis ça commence à

monter en moi, comme une douleur sourde qui m’obsède et me réveille

la nuit.

Fabienne, Guyane

Femme de militaire,

je suis seule

Fabienne,

Si je comprends bien, vous avez beaucoup de mal à vivre les longues

absences de votre mari à tel point que cela vous envahit la nuit

comme le jour et vous empêche de vivre normalement. Soyez sûre,

Fabienne, que si vous ressentez ce genre de chose, c'est qu'il y a

forcément une bonne raison. Autrement dit, cette "douleur sourde"

veut vous dire quelque chose sur vous. Il n'est jamais évident de

poser un diagnostic à distance mais cela ressemble beaucoup à une

angoisse de séparation. Cela traduit souvent une insécurité affective.

Certes, il est évident que vivre dans un endroit sans la présence phy-

sique de personnes affectivement proches comme son partenaire,

sa famille ou ses vrais amis, peut créer un sentiment de solitude.

Tout être humain, profondément social de nature, a besoin d'avoir

autour de lui d'autres êtres humains afin d'échanger ce qu'on appelle

des marques d'attention. Si ça n'est pas possible, la personne va se

retrouver en état de manque affectif qui se traduit par un sentiment

d'isolement, de vide, d'ennui et de tristesse. Vous, Fabienne, vous

parlez de douleur sourde et permanente, de solitude et d'incapacité

à profiter des moments où votre mari n'est pas là. Vos tentatives

pour combler son absence sont apparemment inefficaces. Alors, la

première question que j'aimerais vous poser, c'est si vous avez déjà

vécu par le passé une situation de ce genre, notamment avec une

personne à qui vous étiez très attachée ? Si ça n'est pas le cas, il fau-

drait vous interroger sur ce qui pourrait vous insécuriser aujourd'hui

dans votre relation amoureuse ? En tout cas, sachez qu'il existe des

solutions pour arrêter de souffrir à chaque fois que votre mari est en

déplacement et je vous inviterai donc à vous rapprocher d'un pro-

fessionnel avec qui vous pourrez vous interroger sur les origines de

cette angoisse de séparation et sur les moyens de la faire taire après

l'avoir écoutée. Car je suis convaincue que ce que vous "montre"

votre mal-être pendant ces absences ne demande qu'à être entendu

vraiment. Bonne chance, Fabienne.