

juillet - août 2015
•
anform !
93
Il ne veut pas
prêter ses jouets
J’ai besoin de vos conseils avisés
pour mon fils (8 ans). Je ne par-
viens pas à lui faire partager ses
jouets avec sa sœur (plus jeune).
J’ai essayé différents trucs, des
menaces, des punitions, des choco-
lats, des sourires, suppression des
jouets, etc. Rien n’y fait. Existe-t-il
une méthode qui marche ?
Bernadette, Martinique
Normalement, jusqu'à 4 ans
environ, il est difficile pour un
enfant de prêter spontanément
ses jouets. Ils sont en quelque
sorte, le prolongement de lui-
même. Il faut donc comprendre
et respecter cela en ne l'obligeant
surtout pas. Aujourd'hui, à 8 ans,
apparemment, votre fils n’y par-
vient toujours pas. Je pense que
ce petit garçon exprime quelque
chose d'important pour lui en
agissant ainsi. Si vous voulez qu'il
se débarrasse de ce comporte-
ment, il va falloir réellement écou-
ter ce qu'il a à vous dire mais qui
vous semble si difficile à entendre.
Avec nos enfants, passer en force
n'est jamais une bonne solution
à long terme. D'autant que leurs
comportements sont, la plupart du
temps, nos propres symptômes...
alors, chère Bernadette, écoutez
et respectez ce qu'il vous dit de
lui et vous verrez que tout rentrera
dans l'ordre.
Je suis seule. Mais seule comme je n’aurais pas pu l’imaginer. Femme
de militaire, mon mari part souvent pour 2 ou 3 mois. Revient quelques
semaines puis repart. Je le savais en l’épousant, mais je croyais qu’il serait
facile d’attendre l’homme qu’on aime. En fait, j’ai essayé de me créer des
activités (club de gymnastique, poterie, dessin). Je fais du sport. J’ai une
amie qui me soutient un peu. Mais tout cela ne suffit pas. J’en viens à par-
ler toute seule, j’ai peur de tourner folle. Des fois, je fais même à manger
pour deux. Cette solitude me convient 2 ou 3 jours, puis ça commence à
monter en moi, comme une douleur sourde qui m’obsède et me réveille
la nuit.
Fabienne, Guyane
Femme de militaire,
je suis seule
Fabienne,
Si je comprends bien, vous avez beaucoup de mal à vivre les longues
absences de votre mari à tel point que cela vous envahit la nuit
comme le jour et vous empêche de vivre normalement. Soyez sûre,
Fabienne, que si vous ressentez ce genre de chose, c'est qu'il y a
forcément une bonne raison. Autrement dit, cette "douleur sourde"
veut vous dire quelque chose sur vous. Il n'est jamais évident de
poser un diagnostic à distance mais cela ressemble beaucoup à une
angoisse de séparation. Cela traduit souvent une insécurité affective.
Certes, il est évident que vivre dans un endroit sans la présence phy-
sique de personnes affectivement proches comme son partenaire,
sa famille ou ses vrais amis, peut créer un sentiment de solitude.
Tout être humain, profondément social de nature, a besoin d'avoir
autour de lui d'autres êtres humains afin d'échanger ce qu'on appelle
des marques d'attention. Si ça n'est pas possible, la personne va se
retrouver en état de manque affectif qui se traduit par un sentiment
d'isolement, de vide, d'ennui et de tristesse. Vous, Fabienne, vous
parlez de douleur sourde et permanente, de solitude et d'incapacité
à profiter des moments où votre mari n'est pas là. Vos tentatives
pour combler son absence sont apparemment inefficaces. Alors, la
première question que j'aimerais vous poser, c'est si vous avez déjà
vécu par le passé une situation de ce genre, notamment avec une
personne à qui vous étiez très attachée ? Si ça n'est pas le cas, il fau-
drait vous interroger sur ce qui pourrait vous insécuriser aujourd'hui
dans votre relation amoureuse ? En tout cas, sachez qu'il existe des
solutions pour arrêter de souffrir à chaque fois que votre mari est en
déplacement et je vous inviterai donc à vous rapprocher d'un pro-
fessionnel avec qui vous pourrez vous interroger sur les origines de
cette angoisse de séparation et sur les moyens de la faire taire après
l'avoir écoutée. Car je suis convaincue que ce que vous "montre"
votre mal-être pendant ces absences ne demande qu'à être entendu
vraiment. Bonne chance, Fabienne.