

48
anform !
•
septembre - octobre 2016
Du saule
à l’aspirine
L’
histoire débute en
1763, en Angleterre.
Un pasteur du nom
d’Edward Stone,
prétendument farfelu, occupe l’es-
sentiel de son temps à observer les
plantes. Et il finit par penser qu’il
existe un lien entre les plantes et les
maladies qu’elles guérissent. Ainsi,
constatant que le saule pleureur se
plaît aux abords des rivières, il sup-
pose que cet arbre doit soulager les
maladies liées à l’humidité, telles
que la fièvre. Et comme l’arbre a
des branches flexibles et souples, il
conclut qu’il doit aussi guérir les pro-
blèmes d’articulations. Et en plus, il
constate que la saveur amère de la
décoction de saule rappelle celle de
l’écorce de quinquina, un arbre ve-
nant d’Amérique du Sud, utilisé de-
puis des siècles contre les fièvres tro-
picales. Edward Stone se met alors
Connaissez-vous
l’histoire de l’aspirine ?
Les comprimés blancs
plus que centenaires
doivent leur découverte
à l'étonnante “Théorie
des signatures”.
à consommer des tisanes d’écorce
de saule qui réussissent effective-
ment à soulager non seulement la
fièvre mais aussi les douleurs rhu-
matismales. Edward Stone vient de
découvrir l’aspirine ou du moins son
principe actif, l’acide salicylique.
36 milliards
de comprimés
Mais ce n’est que 60 ans plus tard,
en 1829, qu’un pharmacien de Vitry-
le-François prend au sérieux ces hy-
pothèses considérées comme farfe-
lues par ses collègues. Pierre-Joseph
Leroux réussit à isoler une substance
contenue dans l’écorce de saule et
obtient des cristaux solubles qu’il
baptise la salicyline, du nom scien-
tifique du saule,
Salyx alba.
Cette
salicyline est effectivement douée
de propriétés fébrifuges (contre
la fièvre) et antalgiques (contre la
douleur). Il faut attendre encore 1887,
pour qu’un chimiste allemand de l’en-
treprise Bayer, Félix Hoffman, réussisse
à synthétiser l’acide acétyl-salicylique
dans une formule pure, causant peu
d’effets secondaires. L’acide acétyl-sa-
licylique est aujourd’hui mondialement
connu sous le nom d’aspirine. àl’heure
actuelle, ce sont plus de 36milliards de
cachets, soit 12 000 tonnes, qui sont
consommés chaque année dans le
monde.
© istockphoto
qu'anform me fait du bien !
Avoir du cachet