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“Certains antibiotiques

à large spectre sont

soupçonnés de faire

baisser l'efficacité

des contraceptifs

oraux.”

© HEMERA

janvier - février 2016

anform !

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•••

unies pour déclencher, ensemble,

une réaction cellulaire qu'elles ne

déclencheraient pas isolément. On y

voit les deux molécules à l'intérieur

d'un récepteur, un de ces “interrup-

teurs” qui déclenchent l'activité de

nos cellules. Les deux molécules

prises en flagrant délit d'interaction

ne sont pas anodines. L'une est un

composant d'un pesticide, le chlor-

dane, interdit au début des années

1980, mais que l'on détecte encore

souvent dans la population car il

persiste longtemps dans l'environ-

nement. La seconde est un œstro-

gène utilisé dans les pilules contra-

ceptives.

RISQUE MAL ÉVALUÉ

L'effet cocktail ici observé explique

comment agissent certains pol-

luants, les fameux perturbateurs

endocriniens. Hébergés par nos

tissus, ils modifient l'effet des médi-

caments que l'on prend. Ici, l'effet

des œstrogènes est décuplé en pré-

sence du pesticide. L'expérience a

été menée sur des cellules, dans un

laboratoire, et reste très théorique.

Difficile de dire si les personnes qui

ont été exposées à tel ou tel pesti-

cide risquent de connaître des effets

indésirables en prenant telle ou telle

pilule. Mais cette expérience met le

doigt sur la nécessité d'évaluer non

seulement les effets des médica-

ments eux-mêmes, mais aussi de

leurs interactions. Or aujourd'hui,

on n'exige pas des firmes phar-

maceutiques qu'elles évaluent les

interactions médicamenteuses lors

de leur demande d'autorisation de

mise sur le marché (AMM). Que ce

soit pour mesurer l'efficacité d'un

médicament ou la toxicité d'un pol-

luant, et que les tests aient lieu au

laboratoire sur des cellules ou en cli-

nique sur des humains, on teste en

général une seule substance active

à la fois. Une situation bien éloi-

gnée de la réalité. Il est rare qu'une

prescription médicale ne comporte

qu'un principe actif. Et même si

c’était le cas, nos organismes sont

question d'actu

imprégnés de nombreuses autres

molécules actives qui proviennent

de l'air que nous respirons ou des

aliments que nous ingérons.

CONTRE-INDICATIONS

Alertée de ce danger, l'Agence

nationale de sécurité des médi-

caments et des produits de santé

(ANSM) a constitué, en 2013, un

groupe de travail sur les interac-

tions médicamenteuses. Ce groupe,

constitué d'une vingtaine d'experts,

évalue les risques à partir de cas qui

leur sont soumis par des médecins

ou à partir de la bibliographie. Il

publie sur internet une liste de médi-

caments susceptibles d'interagir. La

liste, destinée aux professionnels de

santé, est réactualisée une à deux

fois par an. Elle recense aujourd'hui

des milliers de médicaments ou

substances dont le mélange est

formellement contre-indiqué, sim-

plement déconseillé ou à surveiller.

Cette liste déconseille, par exemple,