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janvier - février 2016

anform !

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un sentiment d’insécurité corporelle.

L’hypocondrie peut aussi être une

conséquence d’un état dépressif.

L’hypocondriaque aura tendance à

sous-évaluer ses qualités et à ne voir

en lui que défauts et faiblesses.

Peut-on s’en défaire ?

Le professeur Michel Lejoyeux, psy-

chiatre et auteur de

Tout déprimé

est un bien portant qui s’ignore,

livre

quelques conseils.

• On sait que plus on travaille sa

bonne humeur, plus on est résis-

tant aux infections. Donc plutôt

que de rechercher la bonne santé

avec des médicaments ou des

consultations inutiles, l’hypocon-

driaque doit apprendre à cultiver

sa bonne humeur.

• Une des choses importantes est

de faire la paix avec son corps.

Pour ça, une activité physique,

tranquille, régulière, reste une

technique irremplaçable. Deux

heures permettent de diminuer les

angoisses.

• On s’est rendu compte que la

partie du cerveau qui contrôle les

émotions et celle qui contrôle la

pensée ne travaillent pas en même

temps. Quand il y a une zone

qui s’active, l’autre se calme. Ça

veut dire que lorsque la partie des

émotions bat trop fort, on a tou-

jours la possibilité de réfléchir, et

qu’en réfléchissant, on sera moins

angoissé. Une expérience a ainsi

montré que lorsqu’on présentait

une photo effrayante à des gens

et qu’ils faisaient du calcul mental

en même temps, l’angoisse dimi-

nuait.

• On s’aperçoit aussi que plus on est

en contact avec la nature moins

on a tendance à être anxieux.

• Certains aliments agissent quasi-

ment comme des médicaments.

Ils augmentent le niveau de bonne

humeur et de confiance en soi,

comme le poisson, riche en omé-

gas-3. Les cornichons, eux, font

travailler l’intestin, qui va alors

produire de la sérotonine. Cette

dernière monte au cerveau et crée

la bonne humeur.

• À l’inverse, il y a des médicaments

dont on ne se méfie pas assez,

comme le paracétamol, un anti-

douleur. Si on est hypocondriaque

et qu’on en prend tout le temps,

il va gommer les douleurs mais

aussi les émotions positives.

• Autre découverte, avec les per-

sonnes utilisant le botox, qui crée

un sourire “artificiel” en figeant les

muscles. Ces personnes, en sou-

riant, sont de meilleure humeur.

Donc dans les moments de peur

de la maladie, s’obliger à sourire,

même si c’est de manière un peu

forcée, diminue le sentiment d’hy-

pocondrie.

• L’entourage doit accompagner

l’hypocondriaque dans cette

démarche de recouvrir sa santé,

en n’étant pas là pour rassurer

la personne en permanence sur

le fait qu’elle n’est pas malade,

mais en multipliant avec elle des

expériences positives. Redécouvrir

le sport, la sexualité… Il ne faut

pas que le corps soit uniquement

quelque chose qu’on examine mé-

dicalement, mais qui donne aussi

du plaisir, à table, au lit…

Êtes-vous

cybercondriaque ?

La cybercondrie est

une forme moderne

de l’hypocondrie. Les

personnes atteintes se

précipitent sur internet

dès l’apparition du

moindre symptôme, se

laissant déborder par la

multitude d’informations

disponibles sur les sites

médicaux, sérieux ou non.

Plus le cybercondriaque

fait des recherches, plus

le diagnostic est grave.

Pour le professeur Michel

Lejoyeux, psychiatre,

la réponse à l’excès

d’internet, c’est le

réinvestissement de la

vie réelle. Le meilleur

défenseur d’une santé

personnalisée reste le

médecin généraliste. Il

ne vous donne pas de

messages angoissants ni

généraux, mais vous dit ce

qu’il est bon de faire ou

non pour votre santé.

psycho