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septembre - octobre 2015

anform !

95

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© IStock

nos

enfants

“L

es 1 000 premiers

jours de la vie

constituent une pé-

riode sensible aux

facteurs environnementaux. Ils vont

influencer la santé actuelle et condi-

tionner le développement, ou pas, de

maladies à l’âge adulte”,

commence

le Dr José Périanin, pédiatre. De

nombreuses études en attestent.

MALADIES

CHROnIQUES

En 1980, David Barker, épidémiolo-

giste britannique, a démontré que le

risque d’infarctus ou d’obésité àl’âge

adulte était lié àune alimentation ex-

cédentaire la première année, chez

les nouveau-nés ayant un petit poids

de naissance. On sait aussi que les

maladies chroniques, telles que les

maladies cardio-vasculaires, l’obési-

té, le diabète de type 2, l’hyperten-

sion, les allergies prendraient racine

pendant les 1 000 premiers jours

de vie. Elles constituent pourtant la

première cause de mortalité dans le

monde et leur prévalence ne cesse

d’augmenter. D’autres études ont

prouvé que le stress, le mode de

vie, les toxiques environnementaux

avaient des effets à court et à long

terme sur la santé de l’enfant. En

Guadeloupe, l’étude

Ti moun

(2014)

publiée dans la revue

American Jour-

nal of Epidemiology

a montré que

l’exposition maternelle à la chlordé-

cone avait des effets négatifs sur le

développement cognitif et moteur

des nourrissons (anomalies neuro-

developpementales, troubles des ap-

prentissages et de la cognition).

FACtEURS

ÉPIGÉnÉtIQUES

La période périnatale semble consti-

tuer une fenêtre critique de vulné-

rabilité à l’environnement. Pendant

cette période, l’enfant se construit,

l’expression de ses gènes est encore

flexible et modifiable et donc parti-

culièrement sensible à l’environ-

nement. C’est ce que l’on appelle

l’épigénétique.

L’environnement

peut alors imprimer sur les gènes

des marques durables.

“Ces modi-

fications ne touchent pas directe-

ment les gènes eux-mêmes mais

leur expression. Et ces modifica-

tions peuvent se transmettre d’une

génération à l’autre”

, explique le

pédiatre. Ces découvertes montrent

tout l’intérêt d’une prévention pré-

coce et expliquent le succès du

concept des “1 000 premiers jours”

aujourd’hui relayé par l’Organisa-

tion mondiale de la santé (OMS)

et le Fond des nations unies pour

l’enfance (Unicef)pour freiner l’aug-

mentation des maladies chroniques

au cours de la prochaine décennie.

Principaux axes d’action : l’environ-

nement écologique, psycho-affectif,

les activités physiques et surtout

l’alimentation.