ANFORM GUADELOUPE N83

mars - avril 2019 • anform ! 91 “Mal aux jambes” Les vélos-bureaux sont une très bonne idée. Si un élève est en surpoids, il peut aller à l’école et gérer, en même temps, son problème de poids. En plus, nous les ados, on a souvent mal aux jambes à force de rester assis. Nayali Jean-Alexis, 14 ans cognitives. Une société spécialisée se charge de la fabrication et de l'installation de ces drôles d’engins aujourd’hui déployés dans plusieurs établissements. En début d’année sco- laire, il faut poser les règles : ne pas se mettre debout sur les pédales, ne pas tenir le plateau et ne pas pédaler en arrière. Et attribuer àchacun un vélo, en fonction de sa taille. “Autrement, il fau- drait tout le temps les régler. Je donne la priorité auxenfants qui ont beaucoup de difficultés de concentration.” Les élèves peuvent aussi régler la vitesse. Et ils ont le droit de boire lorsqu’ils le souhaitent. Car pédaler donne soif ! Quelques élèves n'adhèrent pas. “Je me sens mal à l’aise avec la selle et les pédales. Je n’arrive pas à pédaler et à me concentrer en même temps”, témoigne Keissya, ou encore Kimberley qui préfère “ne pas pédaler lors des évaluations” . La professeure respecte leur choix et les installe sur des tables classiques. “ Je ne les force pas.” MOBILIER ACTIF Au début de l’aventure, le collège possédait 150 vélos-bureaux. Quelques-uns ont été donnés à la Section d'enseignement général et professionnel adapté du collège Bébel de la même commune. D’autres sont dans deux écoles primaires de Sainte- Rose pour expérimentation. Il ne reste que 67 vélos-bureaux au collège Bois Rada. “Le point faible de ce disposi- tif reste la maintenance. Il n'y a pas de suivi technique. Certains vélos ont une seule pédale ou font du bruit. Ils sont mis de côté dès que leur bureau/ plateau bouge”, regrette l’enseignante. Malgré ce dysfonctionnement, l’ensei- gnante observe des progrès dans toutes les classes. “Ils sont plus calmes, plus concentrés et s’expriment plus “Un projet innovant” Principale depuis cette rentrée, j’hérite de ce projet innovant que je plébiscite. J’at- tends surtout l’étude prochaine qui pourra mesurer les bienfaits des vélos-bureaux sous l’angle de l’éducation à la santé, mais aussi leur plus-value dans les apprentissages. Pascale Chanlot, principale du collège Bois Rada. “Nous dépenser” La plupart du temps, nous sommes pleins d’énergie et ne savons pas comment nous dépenser. Florian Rondeau, 11 ans, élève de la 6 e 1 facilement. En accompagnement per- sonnalisé, les élèves veulent tous venir en français. Une façon d’enseigner bénéfique pour nous également, ensei- gnants, nous permettant de ne pas rester assis ou debout constamment. Une façon de pratiquer une activité physique pendant la journée”, appré- cie Mandalay Duflo. Des effets positifs majoritairement ressentis par les élèves. “C’est génial de faire du sport pendant le travail !”, s’exclame Elvan, un élève de 6 e . Une étude, menée par des cher- cheurs de l’Université Mogi das Cruzes au Brésil, s’est intéressée àdes élèves de 10 à16 ans, présentant un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ils ont découvert que ceux qui s’étaient adonnés àune période d’activité physique avant d’ef- fectuer la tâche avaient mieux réussi que les autres. D’autres recherches ont conclu qu’un effort physique permet d’améliorer les capacités cognitives, dont l’attention. Défoulés, les élèves seraient plus attentifs, selon des cher- cheurs canadiens (revue Applied Physiology, Nutrition and Metabolism ). “Cela te détend lorsque tu te sens trop énergique” , assure Fabienne. “Lorsque tu es en colère, tu peux pédaler fort”, apprécie Manon. “Bouger m’aide à me concentrer et à mieuxapprendre”, estime Nohann. Cette activité aurait également des effets appréciables sur les émotions, la confiance en soi et le mieux-être. Voire des propriétés antis- tress. “Pédaler t’apaise” , remarque Arnaud. Des sentiments bientôt analy- sés et mesurés, grâce àdes compteurs placés sur des vélos-bureaux, dans le cadre d'une étude prochaine, menée par le Dr Marie-Laure Lalanne-Mistrih, endocrinologue, et portée par le CHU, l’ARS, le rectorat et la Fondation de France.

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