

janvier - février 2016
•
anform !
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Lenny,
Je vous invite à réfléchir sur plusieurs choses. Vous me
dites que votre épouse se comporte différemment avec
votre cadette. Cela est normal : vos filles sont uniques,
chacune dans son registre. Qu'un parent se comporte
différemment avec chacun de ses enfants me semble,
au contraire, souhaitable dans la mesure où il va ainsi
pouvoir développer leur personnalité et encourager
leurs différences. Néanmoins, vous évoquez les réac-
tions de votre cadette. Et là, évidemment, il faut s'en
préoccuper. Qu'est-ce qui la rend triste exactement ?
Il serait intéressant de pouvoir en parler d'abord avec
elle, en présence de votre épouse. Ensuite, il vous fau-
dra bien entendu valider ce qu'elle ressent, en lui per-
mettant de faire le lien entre ses ressentis et ses com-
portements. Il vous faudra également l'aider à identifier
quels sont les besoins et les manques qu'elle manifeste
au travers de ces "bêtises". Enfin vous pourrez discuter
tous ensemble de la manière dont il faut répondre à ses
besoins affectifs, si c'est le cas. Sachez qu'en tant que
parent, nous n'avons pas à satisfaire forcément tous
les besoins psychologiques de nos enfants. Parfois, un
parent n'est pas en capacité de le faire. Et ça n'est pas
grave à partir du moment où l'enfant peut trouver dans
son entourage d'autres personnes qui seront en mesure
de répondre à ses besoins. L'essentiel, c'est qu'elle ne
tire pas des conclusions négatives sur elle-même. Cela
serait plus destructeur encore que le manque d'atten-
tion lui-même !
Ma femme a un chouchou
Ma femme et moi avons 2 adorables filles âgées de 8 et 6 ans. Ma
femme s’entend très bien avec la plus grande. Elle est en admira-
tion devant elle. C’est vrai qu’elle n’a jamais posé de problème.
Elle travaille bien à l’école. La plus petite ressent cette différence.
Je le vois dans ses yeux. Du coup, elle pleure souvent et fait des
bêtises. Je pense que ma femme aussi a souffert de cela au sein de
sa famille. Elle était la petite sœur pas sage, pas gentille. Comment
trouver les mots pour en parler avec elle ? Est-il normal d’avoir un
chouchou ?
Lenny, Martinique
© THINKSTOCK
Je suis addict au sexe
Je suis un homme de 35 ans, marié depuis 7 ans. Je passe mon temps
à penser au sexe. À charmer d'autres femmes pour pouvoir avoir une
aventure sexuelle avec elles. Depuis que je suis avec ma femme, j'ai dû
rencontrer plus de 50 femmes. Ce n'est absolument pas un challenge
mais à chaque fois que je rencontre une personne qui me plaît, je fais tout
pour la séduire et coucher avec elle (toutes ces personnes savaient que
j'étais marié). Ma femme n'est au courant de rien même si une fois elle a
vu que je correspondais avec des femmes sur un réseau. J'ai dû mentir et
dire que mon compte avait été piraté. J'ai eu peur de perdre ma femme,
car je l'aime mais j'ai toujours cette envie de coucher avec d'autres
femmes. Je souhaite vraiment me faire aider. Pensez-vous que je suis un
obsédé sexuel ? J'espère que vous me répondrez sans jugement.
Didier, Guadeloupe
Didier,
Je pense que vous n'êtes pas un "obsédé sexuel" mais
que vous souffrez d'une addiction au sexe. Cela est
très courageux de votre part d'en parler. L'addiction
au sexe se définit comme un besoin impérieux d'avoir
du sexe. Cela pousse la personne qui en souffre à des
compulsions en matière de sexe comme avoir des
relations sexuelles ou la masturbation plusieurs fois par
jour, la pornographie et/ou le sexe sur internet. Quand
la personne ne peut pas assouvir son besoin, elle va se
trouver dans un état d'agitation intense, de mal-être
voire même d'agressivité. Certains malades très addicts
seront incapables de se concentrer sur leur travail
ou sur une tâche tant qu'ils sont en manque. Nous
comprenons donc bien à quel point cette maladie peut
parfois saboter la vie amoureuse ou professionnelle. La
différence entre une sexualité hyperactive et l'addiction
sexuelle c'est quand on ne maîtrise plus rien, qu'on se
demande après coup ce qu'on a fait et que l'on ressent
de la culpabilité et de la honte. Bien entendu, Didier,
il existe des traitements efficaces comme les thérapies
comportementales et cognitives. Mais avant toute
chose, et même si cela est une étape difficile, je vous
conseille d'en informer votre épouse car elle vous sera
d'une aide indispensable pour vous en sortir.