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anform !

novembre - décembre 2016

n’avions pas beaucoup d’argent et

nous mangions des choses simples

dont le goût ne m’a jamais quittée,

comme de la farine de manioc avec

du lait, des fruits, des racines. Ce

sont ces saveurs-là que je cherche

à retrouver dans mes créations. Mes

glaces sont mises au point selon

mon goût et mes souvenirs. Géné-

ralement, elles rencontrent un vrai

succès, c’est aussi parce que cela

parle aux souvenirs d’enfance de

mes clients… J’ai inventé une glace

que j’ai appelée “coco la veuve”,

parce que la coco y est mélangée

avec la patate douce violette (patate

betterave), une glace au choco-

lat piment, mais aussi zéb à fè, ou

encore moringa, une plante aux

nombreuses vertus. Il est très impor-

tant de ne pas oublier ses racines.

Elles sont ma force et ma richesse.

Mon mari et moi veillons à ce que

nos enfants soient baignés dedans.

Quand je commence à travailler

avec tel produit ou tel autre, je suis

incapable d’expliquer pourquoi. Je

•••

me laisse guider complètement.

C’est un peu comme s’il y avait une

autre Fabienne à l’intérieur de moi

qui prenait les rênes ! C’est un senti-

ment très particulier.

Comment faites-vous pour

tenir le coup dans cette

vie trépidante ?

Pour mener des journées aussi

remplies, il faut une hygiène de vie

irréprochable. Tous les matins, je

prends de la spiruline, je mange très

sainement, essentiellement des pro-

duits locaux, ignames, aubergines

noires, beaucoup de poissons, du

chat, de la dorade mais aussi beau-

coup de crudités. Je me fais des

salades de moringa. Mon plat pré-

féré, c’est dombré-lambi ou encore

riz-morue et pois. Pour les réaliser,

je peux compter sur ma maman !

J’essaie de faire un peu de sport,

du vélo chez moi, mais j’avoue que

je n’ai pas toujours le temps et le

courage de faire mes séances ! Ma

journée commence à 4 h 30 toute

la patate douce violette râpée,

dans du rhum puis mise au soleil,

en cas d’intoxication. D’une

manière générale, j’essaie d’utiliser

des remèdes naturels, des

feuillages, des thés. Je ne consulte

le médecin qu’en dernier recours.

Son remède miracle

la semaine et c’est un rythme très

soutenu. Le soir, je suis épuisée et

je n’ai aucun problème de sommeil !

Êtes-vous une femme

heureuse et accomplie ?

Oui, mais pas totalement. J’ai une

famille extraordinaire qui me sou-

tient de manière inconditionnelle

et m’apporte beaucoup de joie. J’ai

énormément travaillé depuis plus de

10 ans pour que mon entreprise voit

le jour et se développe. Aujourd’hui,

mes créations ont du succès, et il y a

la queue devant ma boutique, mais

je suis toujours la même, je n’ai pas

changé. Je ne suis pas encore arri-

vée là où je voudrais être et j’ai un

rêve qui ne s’est pas encore réalisé.

Je souhaiterais que nos saveurs,

nos richesses locales soient valo-

risées à l’international. Les grands

chefs ignorent encore l’essentiel de

notre patrimoine culinaire et gastro-

nomique, gustatif et naturel. C’est

un objectif pour moi.

rencontre

© Daniel Dabriou