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mars - avril 2016

anform !

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psycho

jamais à l’extérieur. J’ai fait le bon

choix. Cette notion d’amitié est trop

fragile au travail. Elle vole en éclats

au moindre problème.”

POSITION DOMINANTE

Dans l’amitié au travail,

“les enjeux

sont souvent inconscients,

précise

Karima Mebtouche-Carlon, théra-

peute comportementaliste,

ils sont

de l’ordre de l’estime de soi, la

recherche d’une forme de recon-

naissance, le rapport à l’autorité,

la capacité à créer du lien avec les

autres, à travailler avec les autres. Et

cela va donner de multiples profils

comportementaux.”

Les personnes

qui se lient d’amitié sur leur lieu

de travail ont des repères com-

muns.

“En analyse transactionnelle,

explique la thérapeute,

l’amitié naî-

tra parce que la personne en face,

pour de multiples raisons, vous fait

penser à un frère, une sœur, une

figure maternelle, paternelle qui va

vous rassurer. Il y a aussi des bles-

sures, des frustrations qui vont bien

s’emboîter pour s’encourager, se

soutenir notamment devant la hié-

rarchie.”

Il est cependant certain

que créer des amitiés avec des per-

sonnes qui sont hiérarchiquement

dans la même position reste plus fa-

cile que s’il y a une différence. San-

drine travaille au sein d’une collecti-

vité territoriale. Elle a débuté comme

agent de catégorie C et a rapide-

ment sympathisé avec l’un de ses

collègues qui est devenu un ami.

“Et

il le serait devenu même si je l’avais

rencontré en dehors de mon lieu de

travail. Puis, j’ai passé des concours

internes, j’ai gravi les échelons et

suis devenue son supérieur hiérar-

chique. Nous sommes restés très

complices mais d’autres difficultés

sont apparues notamment lorsque

je lui adressait des remarques. Il

manquait chroniquement de ponc-

tualité. Je le lui disais mais il s’en

amusait. Pourtant, je devais avoir

le même comportement avec lui

qu’avec ses collègues. Il aurait

été beaucoup plus réceptif à mes

remarques, si nous n’avions pas été

amis.”

L’employé ne perçoit plus

son supérieur comme un chef, mais

comme celui avec qui il a passé des

bons moments le week-end dernier.

“C’était moins compliqué pour moi,

poursuit Sandrine,

car j’avais des

obligations de résultats donc moins

d’états d’âme et, par la force des

choses, je faisais la différence.”

La bonne attitude

• Prendre son temps et

accorder sa confiance

progressivement.

• Se fixer des règles. Par

exemple, ne jamais

dévoiler ses secrets.

• Discerner complicité

et amitié. Il suffit de se

poser la question sui-

vante :

“Passeriez-vous

vos vacances avec vos

collègues ?”

• Se garder de tout com-

mérage. Ils gangrènent

les relations et peuvent

générer de l’animosité

entre les membres d’un

groupe.

• Rester clair avec ses amis

sur ses objectifs profes-

sionnels. Ne pas tricher,

respecter l’autre.

• Ne pas exclure les autres

d’une relation amicale

avec un collègue.

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