ANFORM LA REUNION N46

92 anform ! • août - septembre 2018 Le complexe de Caliméro Le petit oiseau à peine sorti de sa coquille découvrant que le monde est injuste, ça vous parle ? Une naïveté parfois touchante de l’enfant qui peut vite se transformer en comportement pathologique du “vilain petit canard” une fois adulte ! PAR MANDY COUBARD, PSYCHOLOGUE CLINICIENNE L e complexe de Caliméro, c’est le fait d’avancer un certain fatalisme face aux écueils de la vie : “Cela n’arrive qu’à moi”, “je n’ai pas de chance”  ! C’est aussi le sentiment d’être incompris, impuis- sant. Et se retrouver dans l’incapa- cité de faire face, de se défendre. Ce sentiment d’injustice peut entraver notre capacité à tirer les leçons de l’expérience. Il favorise à notre insu la répétition des sché- mas cognitifs inconscients qui nous poussent à reproduire les mêmes erreurs. C’est un engrenage patho- logique qui entraîne une grande souffrance psychologique pouvant aboutir à une dépression majeure. La détresse du petit Caliméro, ses mots, ses comportements, s’entendent comme des appels à l’aide : “Personne nem’aime”, “je suis encore malade.” Les plaintes verbales ou somatiques servent à camoufler nos émotions de colère ou de tristesse. Ce positionnement de victime, cette posture, laissent transparaître une grande fragi- lité psychologique pouvant attirer comme des aimants les personna- lités de type “pervers narcissique”. Car les victimes attirent les bour- reaux ! Nos pensées, négatives ou positives ne sont pas sans consé- quences et agissent comme des moteurs. Cette construction intrin- sèque du complexe de Caliméro ramène très souvent à l’image de l’enfant vulnérable qui ne sait pas se défendre. On peut aussi le consi- dérer comme une immaturité affec- tive. Ne pas savoir se défendre, une fois adulte, peut être le résultat de conflits infantiles non résolus. Si nous avons eu l’impression de ne psycho C’est vraiment trop injuste ! © ISTOCKPHOTO “Je n’ai pas de chance.”

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