ANFORM LA REUNION N46
54 anform ! • août - septembre 2018 aussi fallu surmonter les habitudes et le sentiment de perte de dignité. “Malgré les couches, elle conti- nuait à aller aux toilettes, comme pour prouver qu’elleenétait encore capable.” SOURCE DE STRESS Le premier achat de couche pour sa mère fut particulier, un peu gênant. “Et j’ai découvert tout un univers ! Devant tous les modèles proposés, difficile de faire un choix. Quelle taille ? Avec attaches ou sans at- taches ?” Tout dépend du sexe de la personne, de son type d’incon- tinence, de son importance et de son degré d’autonomie, allant de la simple garniture au change com- plet en passant par le slip absor- bant. Le port de ces couches peut parfois s’imposer beaucoup plus tôt que prévu. Une expérience que vit Sylvie depuis 2 ans alors qu’elle n’est âgée que de 60 ans. Malade depuis plusieurs années, elle s’est fait une raison. “On m’a expliqué que ça serait pratique. Tu mets ta couche et tu peux aller tebalader. Tuvasoùtuveux.” Mais ça, c’est en théorie. Car dans la pratique, l’utili- sation de couches peut être source de stress. “Si j’ai fait unpipi, çava. Deuxpipi, çavaencore, mais jene peuxpas sortir si j’ai une troisième envie.” Et quand il faut se changer hors de la maison ça peut être très compliqué, explique Sylvie qui a besoin d’aide pour cette opération. Pour cela, elle peut compter sur son mari, un soutien indéfectible depuis 40 ans. “J’ai lachance d’avoir un mari extraordinaire. Il rouspète mais il est toujours là. Il y en a d’autres qui se seraient sauvés.” L’acceptation n’est pas toujours aussi évidente pour certaines per- sonnes, confie Rosy Fagour, infir- mière libérale. “J’ai une patiente de92 ans qui vit seuleet qui adu mal àsedéplacer. Lematinquand j’arrive, il yadel’urinedans lelit ou au sol. Elle a tenté d’aller aux toi- lettes mais n’enapas eu letemps. J’essaiedelaconvaincredemettre uneprotection (elleutilise le terme protection plutôt que couche pour nepas laheurter, ndlr). Rienàfaire, elleneveutpas ! Çafait 1anqueça dure. Elle me dit qu’elle n’est pas unbébé, qu’ellepeut sedébrouiller touteseule.Récemment,unedeses proches aréussi àlaconvaincrede mettreunecoucheaumoins lesoir. Quand on la douche le matin on parvient aussi à lui enmettre une. Quandils n’ont pas envie, c’est une bagarre !” Difficile à accepter, la couche est souvent associée à une image infantilisante ou sénile, une perte de virilité ou de féminité. La personne a l’impression de perdre ••• © ISCTOK
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