ANFORM LA REUNION N46

50 anform ! • août - septembre 2018 problématiquede l'île est d’abord le grand nombre de patients concer- nés : 1 600 dialysés et 320 sur liste d'attente de greffe. Soit un taux de dialyse trois àquatre fois plus élevé qu'enMétropole. Eneffet, LaRéunion compte 1 900 patients dialysés par milliond'habitantscontre680auplan national” , explique le Pr Henri Vacher- Coponat. Autre problématique, l'éloi- gnement des autres régions et donc des donneurs de Métropole, avec des délais de transport des organes sou- vent trop longs. Mais aussi le fait que des groupes sanguins et tissulaires considérés comme rares en Métro- pole sont communs dans l'île. “Les donneurs doivent donc être trouvés localement ! Àlafin, nous avons un trop faible nombre de donneurs par rapport aux receveurs en attente de greffe. Nous réalisons unemoyenne de 28 greffes par an pour plus de 300 patients en attente, et il y aeu seulement sept donneurs l’année dernière”, regrette le Pr Henri Vacher- Coponat. Mais si le nombre de greffes reste insuffisant face aux besoins de l’île, d’autres chiffres sont encoura- geants. Le délai de prise en charge le jour de la greffe est un des plus ra- pides de France, ce qui témoigne de la performance des équipes locales. En outre, l’équipe de greffe est la pre- mière équipe de France à incorporer dans sa pratique quotidienne les connaissances très récentes d’immu- nologie en greffe rénale. Cette évo- lution rendue possible par la mise en place de techniques innovantes de biologie, améliore la recherche de compatibilité entre le donneur et le receveur. Enfin, plusieurs projets visant à augmenter les possibilités de dons pour les patients dialysés sont en préparation. RENAISSANCE Seule une prise de conscience de l’importance du don d’organe par la population réunionnaise permettra de répondre au besoin des patients en attente de greffe. Car donner son rein, c'est redonner la vie ! “Les patients enparlent d’ailleurs très bien. Sur le plan médical, les études montrent uneduréedevieplus longuelorsque l'on est greffé par rapport au fait de rester dialysé. L'état de forme est nettement amélioré par la greffe. Il n'y aplus lacontraintedes séances d'hémodialyse. Le receveur peut beaucoupplus facilement reprendre le travail. Il retrouve une liberté et peut partir en vacances. La dialyse artificielle intermittente ne peut pas rivaliser avec un rein actif naturelle- ment et enpermanence”, explique le spécialiste. “Jen’étaisjamaismalade avant !” , raconte Prisca Saliques, une Saint-Andréenne de 36 ans. Il y a 4 ans, après une grande et inha- bituelle fatigue, cette jeune maman a découvert une insuffisance rénale sévère, qui l’a obligée à arrêter de tra- vailler, entre autres. “Mamèredevait medonnersonreinmaissesanalyses ne l’ont pas permis.” En août 2016, après 18 mois d’attente, une greffe lui a rendu sa vie d’avant, ou presque, puisqu’elle suit un régime alimentaire adapté et reste sous étroite surveil- lance médicale. Mais la joie de vivre est revenue. “Pendant les dialyses j’étais une morte-vivante. Je le fai- sais pour mafillemaismoncorps ne suivait pas. J’ai retrouvé toute mon énergie. C’est une seconde vie.” Le Saint-Paulois Éddy Cendrier, 27 ans, pour sa part vivait avec une insuffi- •••

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