ANFORM LA REUNION N46

août - septembre 2018 • anform ! 47 L’Anophèle arabiensis, moustique vecteur du parasite du paludisme (Plasmodium falciparum) , est arrivé à La Réunion vers 1850, avec l’augmentation du trafic maritime. Le déboisement lié au développement de la canne à sucre a favorisé son développement. Une première épidémie a ravagé l’île Maurice en 1866 et La Réunion 2 ans après. Devenu endémique, le paludisme a sévi pendant près d’1 siècle. Après la découverte du parasite en 1884 et de son cycle de transmission en 1899, la lutte s’est organisée. • Au niveau individuel, on a mis en place la prophylaxie et le traitement par la quinine (généralisé dans les écoles en 1914) et la protection par les moustiquaires. Au niveau collectif, on a fait la chasse aux gîtes par drainage et aménagement des rivières, et on lutte contre les larves avec du pétrole. • Le DDT (insecticide), tournant sanitaire majeur, a fait son entrée en 1946 à Maurice et en 1948 à La Réunion. Tous les logements (jusqu’à 500 m d’altitude) furent alors traités une fois par an pendant 4 ans, et des épandages réalisés autour des villes tous les 15 jours. Résultats : les 1 357 décès de 1949 n’étaient plus que 138 en 1952. • En 1965, une mission de l’OMS détachée à La Réunion a nettoyé les derniers foyers potentiels, et les derniers cas autochtones datent de 1967. Depuis 1979, le paludisme est considéré par l’OMS comme éradiqué dans l’île et à Maurice. Ce sont les seuls territoires d’Afrique libérés du paludisme dans le cadre du Global Malaria Eradication Program (GMEP). ladie que tout autre traitement. Cette plante millénaire serait peu coûteuse, facile à cultiver et à transformer, sans effets secondaires, et efficace à la fois pour prévenir et traiter le paludisme. Depuis quelques années, la Chine étant dépassée par la demande, sa production s'est développée en de- hors de l'Asie, notamment en Afrique et à Madagascar où le Français Charles Gibelin a lancé cette culture en 2004 à Faharetana, au nord du lac Alaotra. Un beau succès puisque 14 ans après, 10 000 petits planteurs en vivent dans une dizaine de régions. C’est la société française Bionex qui exploite ces cultures. Pourtant, malgré les résultats, les études scientifiques et les efforts de nombreuses associa- tions comme La maison de l'artemisia (présente dans 15 pays africains)pré- sidée par le Dr Lucile Cornet-Vernet, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tarde à officialiser sa culture et son usage, faute d'études cliniques et de publications scientifiques suf- fisantes. Pour sensibiliser le grand public, le réalisateur belge Bernard Crutzen s'est rendu en Afrique et à Madagascar où il a filmé la culture, l’usage et les effets de cette plante sur les populations impaludées. STROMAE SE CONFIE Des témoignages de malades, médecins et chercheurs s’associent à ceux de deux ambassadeurs de choc : Juliette Binoche et Stromae. Le chanteur explique avoir frôlé le suicide en 2015 après un traitement au Lariam(antipaludique). Son témoi- gnage a été relayé par une centaine de médias francophones. D’ailleurs, explique le réalisateur, “àlasuitede cettemédiatisation, lebureauafricain del’OMS baséàBrazzavilleadécidé d’encourager les recherches sur une thérapiealternativeàbasedeplantes, faisant ainsi fidelafrilositédusiège central de l’OMS àGenève”. Autre effet de ce coup de projecteur, “une multituded’associations ont décidé de planter de l’artemisia pour pré- venir et traiter le paludisme dans les écoles, les dispensaires, les vil- lages reculés” . ÀLa Réunion aussi, quelques particuliers ont planté de l’artemisia, grâce à des échanges de graines et via internet. L’usage reste bien sûr familial. “On n’apas voulu développer cette culture de manière professionnelle pour que celanedeviennepas unbusiness” , explique une cultivatrice qui a rem- placé la haie de sa maison par des plants d’artemisia. “L'idéeest de la réhabiliter comme plante de jardin puisqu'on a la chance de ne pas avoir lamalaria.” La plante pousse un peu partout et résiste au vent autant qu'à la pluie. On ne peut lui reprocher... que son goût amer. 1 siècle de lutte

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