ANFORM LA REUNION N46
août - septembre 2018 • anform ! 15 © ISTOCK quand le médecin britannique Andrew Wakefield publie un article attribuant des cas d'autisme à la vaccination ROR (rougeole-oreil- lons-rubéole), le taux de vaccina- tion outre-Manche chute. Même si, depuis, de nombreux chercheurs ont invalidé ses arguments, et que le médecin a été interdit d'exercice, la baisse de la couverture vaccinale a provoqué la réémergence de ces maladies et plusieurs décès. Mais pourquoi ces fake news ont-elles autant de succès ? Parce que nous sommes friands d'explications simples et de solutions rapides. “Nous avons un besoin de don- ner du sens au monde qui nous entoure, àce qui nous arrive, pour prédirel'avenir et avoir l'impression de le contrôler, analyse Virginie Bagneux, chercheuse en psycholo- gie sociale à l'université de Caen. Disposer d'uneexplicationdiminue notre angoisse face à la maladie et rehausse notre estime de nous- mêmes. Et les remèdes alternatifs ont d'autant plus de succès qu'on al'impressionenles adoptant d'ap- partenir àune petite communauté d'initiés,degens qui ensavent plus queles autres.” TÉLÉPHONE ARABE Notre premier ennemi, dans la lutte contre les fakenews , est le biais de confirmation, notre tendance à adhé- rer à tout ce qui va dans le sens de nos convictions et à ignorer tout ce qui s'y oppose. Or, il faudrait, pour éviter le piège des fakenews avoir le réflexe inverse. “ Pour juger delasoli- ditéd'uneaffirmation, il faut adopter une démarche contre-intuitive, en cherchant d'abordàladémonter. Et si l'onn’yarrivepas, onpeut penser qu'elle est vraie”, propose la cher- cheuse. Une analyse rigoureuse de l'information en question suffit souvent à juger de sa solidité. Il faut déjà en identifier la source. Si elle n'est pas citée, pas datée, ou que la transité sur le réseau Twitter entre 2013 et 2016 montre qu'une his- toire fausse atteint six fois plus vite 1 500 personnes qu'une vraie. Plus attractive, plus simple, la fakenews plaît. Il faut dire qu'elle est conçue pour ça. Les sites à l'origine de sa diffusion cherchent souvent à faire le buzz. Plus ils génèrent de clics ou de mention “j'aime”, plus leur ré- munération publicitaire augmente. D'autres cherchent à influencer l'opinion, ou encore à vendre leurs produits. Or, en santé, la désin- formation peut avoir de graves conséquences. La journaliste Aude Favre, auteure de la chaîne Youtube What the fake, interviewait dans une vidéo publiée en mai des lec- trices malheureuses d'une page Facebook conseillant d'utiliser de l'ail pour lutter contre les infections vaginales. Résultats : des brûlures et une visite désagréable aux urgences. Mais les conséquences peuvent être plus graves. En 1998, ••• “Une information si elle plaît, peut se répandre en quelques heures dans le monde entier…”
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