ANFORM REUNION N45

juin - juillet 2018 • anform ! 15 ••• que celui situé sur la pente externe. “Ceci s’explique par les arrivées de ravines qui vont loin en mer, et les arrivées d’eau douce qui res- surgissent naturellement de l’autre côté de la barrière, poursuit Karine Pothin. Or,les coraux n’aiment ni les déchets, ni l’eau douce, et encore moins quand la température aug- mente trop et trop longtemps. Cela provoque leur blanchissement. La situation des coraux à La Réunion est très hétérogène. Sur des zones distantes de quelques centaines de mètres, ils peuvent être dégradés ou en excellente forme.” SES ENNEMIS MORTELS L’homme reste incontestablement l’un des premiers ennemis des coraux. La pratique d’activités dans le lagon a un impact direct sur la nature. La pêche, bien sûr, mais également les activités de loisir, car même en kitesurf,en canoë,en pad- dle, en masque, palme et tuba, on peut casser du corail ou empêcher les petites pousses de grandir. À cela s’ajoute un relief particulier. “À La Réunion, on a un relief très pro- noncé, poursuit la directrice. Toutes les activités qui sont réalisées en amont, comme l’agriculture ou les constructions, ont un impact sur le lagon, qui est le réceptacle de tout ce qui est déversé par les pentes. Stations d’épuration, engrais, buses d’écoulement, ravines, sont autant d’éléments qui abîment le lagon et les coraux. En début d’année à Saint-Leu, comme en 2012, suite à de forts épisodes de pluie, le lagon a de nouveau été envahi par la boue. Ce qui nuit évidemment à la bonne santé des coraux.” L’homme n’est pas le seul responsable des dégradations, d’autres phéno- mènes naturels y sont aussi pour quelque chose. Notamment les cyclones, qui cassent le corail, ou sont aujourd’hui réalisées par les scientifiques de la Réserve marine. “Chaque année, on effectue le suivi des mêmes stations, explique Ka- rine Pothin, directrice de la Réserve naturelle marine de La Réunion. Sept se trouvent à l’intérieur du lagon et sept autres de l’autre côté de la barrière. Chaque été, on se rend au même endroit, à la même période, et on y suit le même pro- tocole. On peut ainsi comparer nos données dans le temps.” Lors de ces suivis, sont analysés deux comparti- ments importants : les populations de poissons et le benthos, compre- nez tous les éléments fixés, c’est- à-dire les populations d’algues et de coraux. Toutes les espèces de coraux présentes sur la zone sont donc répertoriées, mais également leur pourcentage de couverture et leur état (blanchi, vivant ou mort). Paradoxalement, l’état du corail situé dans le lagon est meilleur © RÉSERVE MARINE © RÉSERVE MARINE

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